Doctorant dis toi que…

Je vous pro­pose aujourd'hui un petit article résu­mant les tra­vers typiques pen­dant une thèse. Ces pro­pos sont pure­ment issus de mon expé­rience récente de thèse (finie en 2019) de thèse ain­si que d'autres doctorants/​docteurs dans mon entou­rage. Toute la suite de l'article ne reflète que mon opi­nion per­son­nelle de ce grand moment de la vie qu'est la thèse.

Il est assez connu que l'état de san­té men­tale des cher­cheurs n'est pas tou­jours glo­rieux (prin­ci­pa­le­ment chez les doc­to­rants, ref 1 et 2), et que le syn­drome de l'imposteur (ref3) est autant pré­sent que la boite de nouille chi­noise sur le bureau au cas où "on oublie­rait de man­ger". Que faire contre tout ça ? Man­ger du cho­co­lat ? Hum, essayons de don­ner quelques pistes.

Por­tez atten­tion à vous comme le fait ce petit chat. Pho­to de Mar­ko Blaže­vić (@kerber) CC‑0

Tu as le droit de vivre

Ça a l'air bête dit comme ça, mais c'est dingue à quel point ce rap­pel se trans­met entre doc­to­rant du plus ancien au plus jeune. Toi thé­sard de pre­mière année, si jamais tu te libères une soi­rée par semaine pour pro­fi­ter de la vie (sociale), ce n'est pas grave. Au contraire c'est bien ! Prends le temps de man­ger le soir, d'aller au sport, de te dépen­ser phy­si­que­ment ou de voir tes amis. Ce n'est pas en bos­sant plus dans la jour­née que tu seras plus pro­duc­tif, au contraire ! Alors après 7h (peut-être 8h ou 10h de tra­vail pour les moins sages, ref 4) tu as le droit de pro­fi­ter de la vie !

Si tu es en vacances, ne lis pas tes mails tous les jours, accepte de lâcher prise ce n'est pas inter­dit ! Certes : tu as du tra­vail et tu reçois un grand nombre de mails, mais quoiqu'il arrive le monde conti­nue­ra de tour­ner donc si tu te laisses quelques jours pour res­pi­rer tu n'en sau­ras que mieux repo­ser à ton retour. Penses‑y. Et conseil de pro : ne lis pas tes mails du week-end, tu vas y arri­ver je te jure. J'avoue moi-même avoir un peu de mal avec ce der­nier conseil mais je me fais vio­lence !

Un des sujets qui est le plus reve­nu dans toutes les conver­sa­tions que j'ai eues avec des thé­sards c'est le rap­port au sport. Fais un petit cal­cul rapide, la thèse c'est 3 ans que tu passes la plu­part du temps assis sur ta chaise. Le dos est sacré­ment contraint. Ton corps, c'est ton capi­tal san­té. Alors 2h de sport par semaine, c'est une cou­pure pour ton corps autant que pour ton esprit. Mettre en pause toute chose en rap­port avec le bou­lot c'est bon pour le cer­veau, donc pour ta thèse.

Ce n'est pas grave de demander de l'aide à ton directeur de thèse

Non ce n'est pas grave. Quand tu rentres en thèse, per­sonne ne s'attend à ce que tu sois un expert de ton sujet tout de suite. Tu es encore étu­diant et 3 ans de tran­si­tion devant toi pour être celui qui prend les rênes de tes recherches. Donc si tu n'arrives pas à faire quelque chose, deman­der de l'aide n'est pas grave, au contraire. Vu notre domaine inter­dis­ci­pli­naire, je ne connais per­sonne qui est per­for­mant sur toutes les par­ties de son tra­vail sans appren­tis­sage. Il est NORMAL et SAIN que tu aies besoin d'aide occa­sion­nelle voir plus impor­tant encore, de recul ! Le temps néces­saire pour maî­tri­ser tes outils du quo­ti­dien est long. Si tout va bien pour toi tu com­men­ce­ras à pas­ser ce cap dans la deuxième ou troi­sième année de thèse, comme tout le monde !

Et si per­sonne ne peut t'aider dans ton labo, notre com­mu­nau­té a des avan­tages for­mi­dables, j'ai pas­sé ma thèse à deman­der de l'aide sur l'irc de ce blog et mon dieu que ça a payé ! Entre ça, les forums de type bios­tar (ref5) qui contiennent toutes les ques­tions de ta vie sur R et plus encore, notre com­mu­nau­té a une cer­taine force d'entraide qu'il ne faut pas négli­ger !

Alors oui il y a autant d’exceptions que de manières dif­fé­rentes d'encadrer donc ce que je dis est très dépen­dant des étu­diants et des direc­teurs de thèses.

Non tu n'es pas tout seul

Hein quoi ? Ce sen­ti­ment de devoir por­ter le poids de ta thèse tout seul est un mythe ? Oui, mal­heu­reu­se­ment un mythe qui s’entretient bien de lui-même. C'est quand les pre­mières grosses dif­fi­cul­tés arrivent que tu risque le plus de t'auto pié­ger. Par exemple, ton boss aime­rait bien publier cette année pour avan­cer dans sa car­rière et sa pres­sion s'ajoute à celle que tu te mets… On est plu­sieurs à avoir vécu ça de manière plus ou moins forte. Sur­prise, c'est pas un drame. Tu as le droit d'en par­ler les gens te com­pren­dront et te sou­tien­dront. Il y a mêmes des asso­cia­tions très bien pour ça. Beau­coup de villes ont une asso­cia­tion de doc­to­rants qui orga­nisent des évè­ne­ments de ren­contre régu­liers. Les bioin­fos ont mêmes la chance d'avoir les JeBiF Pub en plus des asso­cia­tions de doc­to­rants. Seul on va plus vite, a plu­sieurs on va plus loin, pro­verbe afri­cain.

Sinon, si tu es comme moi et que tu aimes cumu­ler les chal­lenges, par­lons han­di­cap. En plus d'un han­di­cap phy­sique je suis dys­lexique (dys). Autant le dire quand la rédac­tion a com­men­cé à appro­cher j'ai un peu tota­le­ment pani­qué. Soit en sûr, il y aura tou­jours des gens pour aider. Entre les mis­sions han­di­caps, les autres doc­to­rants, les cher­cheurs qui y sont sen­sibles, on trouve tou­jours de l'aide. A ce pro­pos il existe un excellent mooc pour se for­mer (ref 6), il m'a aidé aus­si bien per­son­nel­le­ment qu'en tant qu'enseignant sur le sujet.

Ne te compare pas aux autres

Tu entres en troi­sième année de thèse et ton papier com­mence à peine à deve­nir un brouillon ? C'est nor­mal, comme tout le monde. Les doc­to­rants qui publient avant sont des chan­ceux pour la plu­part, il y a des dizaines de rai­sons qui font que la recherche prend du temps. Il est très facile de perdre 4 mois ou plus sur une galère tech­nique. Alors NON, ne te com­pare pas aux autres doc­to­rants, apprend que même si tu as l'impression qu'ils ont de l'avance sur toi pen­dant un temps, au résul­tat final ça ne chan­ge­ra pas grand-chose (sauf peut être la quan­ti­té de cho­co­lat sur le bureau pen­dant le rush de fin hum..). Contente-toi de faire de ton mieux, c'est déjà beau­coup !

Il y aura toujours une personne insatisfaite de ton travail

Mau­vaise nou­velle, la plu­part du temps cette per­sonne, ce sera toi. Pour une rai­son simple qui est bien expli­quée par une amie du blog : La recherche c'est incré­men­tal. Tu peux tou­jours amé­lio­rer ce que tu fais, faire mieux, aller plus loin dans tes ana­lyses, avoir espoir de trou­ver plus que ce que tu vas fina­le­ment publier. Mau­vaise nou­velle : on passe tous par là assez sou­vent ça fait par­tie du jeu. Bonne nou­velle : ce n'est pas un mal à un moment quand les résul­tats sont suf­fi­sam­ment publiables bons de s’arrêter, prendre le temps de rédi­ger un peu, faire une syn­thèse et avan­cer un peu. Je ne connais que très peu de doc­to­rants qui n'ont lais­sé aucune ana­lyse sup­plé­men­taire à faire en finis­sant leurs thèses. L'aventure conti­nue presque tou­jours !

Une journée où tu as un peu avancé est une bonne journée

Oui cer­tains jours tu auras l'impression de ne pas avan­cer. Par­fois ce sen­ti­ment peut durer long­temps et mal­heu­reu­se­ment il fait par­tie du bou­lot. Un des meilleurs conseils que j'ai eu en étant en stage était le sui­vant :

"Une bonne jour­née est une jour­née où tu te fixes un objec­tif, même petit et le réa­lise"

De manière géné­rale, et c'est un constat à connaître, tout prend sou­vent plus de temps que tu ne le penses. Les pre­mières fois mêmes si tu es confiant, dans le doute double toutes tes esti­ma­tions de temps que te pren­dra de réa­li­ser chaque tache. Au mieux tu réus­si­ras avant ce temps sur-esti­mé et tu seras content. Au pire ça te don­ne­ra le temps qu'il faut pour réel­le­ment bien faire. Les méthodes où tu gagnes à tous les coups, c'est bien.

Conclu­sion :

Déplace des cailloux et tu dépla­ce­ras la mon­tagne !

Mer­ci aux humbles relec­teurs qui ont gen­ti­ment révi­sé mon texte : Gwe­naëlle, Nol­wenn, Yoann M et mon bon Guillaume Devailly.

Réfé­rences :

1 : Stress chez les doc­teurs (en anglais).

2 : Stress chez les doc­to­rants

3 : Syn­drome de l'imposteur

4 : Temps de tra­vail opti­mal

5 : Bios­tar

6 : Mooc sur les dys



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Commentaires

Une réponse à “Doctorant dis toi que…”

  1. Féli­ci­ta­tions pour le Doc­to­rat !

    Mer­ci pour l'article… vous avez vrai­ment tout dit.
    Déplace des cailloux et tu dépla­ce­ras la mon­tagne !

    Bon cou­rage pour le reste 🙂

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