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- Le blog participatif de bioinformatique francophone depuis 2012 -

Questions à… Julien Maupetit

Julien Maupetit, fondateur de TailorDev
Julien Mau­pe­tit, fon­da­teur de Tai­lor­Dev

M4rsu : Bon­jour Julien (très beau pré­nom !) et mer­ci d'avoir accep­té de te prê­ter à cet exer­cice. Pour com­men­cer pour­rais-tu te pré­sen­ter rapi­de­ment pour nos lec­teurs ?

Julien : Bon­jour. En quelques mots, j'ai eu un par­cours uni­ver­si­taire assez clas­sique : après deux pre­mières années de méde­cine, une année de tris­tesse en équi­va­lence de DEUG de bio, j'ai com­men­cé à faire des choses inté­res­santes lors d'un second cycle en bio­chi­mie (à mon époque on par­lait encore de maî­trise) ; j'ai alors eu l'opportunité de faire un peu d'informatique avec mes men­tors de Paris 7, et j'en suis natu­rel­le­ment venu à la bio-infor­ma­tique. S'en est sui­vie une for­mi­dable année de DEA, puis une thèse qui mêlait ma pas­sion pour les macro-molé­cules bio­lo­giques et la pro­gram­ma­tion.

À l'issue de ma thèse, j'ai été recru­té sur un poste d'Ingénieur de Recherche (IR) au sein de la plate-forme RPBS (Res­source Pari­sienne en Bio­in­for­ma­tique Struc­tu­rale); poste que j'ai été ame­né à mettre en pause pour vivre de nou­velles aven­tures.

M : Tu étais IR dans un labo public que tu as quit­té pour créer ta boite, Tai­lor­Dev. Je sup­pose que ça n'a pas été for­cé­ment facile de quit­ter ce bou­lot ? Est-il facile de créer son entre­prise en France ? As-tu eu des sub­ven­tions ? Quel(s) conseil(s) pour­rais-tu don­ner à nos lec­teurs qui aime­raient créer leur entre­prise mais qui n'osent pas for­cé­ment sau­ter le pas ?

J : Créer une entre­prise en France quand on vient du public est un grand défi. Il y a tel­le­ment d'aspects dif­fé­rents à maî­tri­ser (juri­dique, comp­table, com­mer­cial, etc.) que l'on peut dif­fi­ci­le­ment s'en sor­tir sans faire des erreurs. Pour limi­ter les dégâts, il faut beau­coup lire, dis­cu­ter avec d'autres entre­pre­neurs et être coa­ché par un men­tor de l'entreprenariat ou être sui­vi par une struc­ture d'accompagnement de type incu­ba­teur.

Cela a été mon cas : le pro­jet Tai­lor­Dev a été pro­pul­sé par l'incu­ba­teur BUSI de la région Auvergne, ce qui m'a per­mis de béné­fi­cier de sub­ven­tions de la Banque Publique d'Investissement (BPI) et de la région pour pré­pa­rer au mieux tous les aspects de la créa­tion de cette nou­velle enti­té et le déve­lop­pe­ment de notre pro­duit artich​.io.

Yoann : Peux-tu nous décrire le pour­quoi de Tai­lor­Dev et sa struc­ture ? Te limites-tu à la bio­in­for­ma­tique ou as-tu des contrats pour des domaines tout autres ? ET j'en pro­fite pour pla­cer THE ques­tion : pour­quoi Cler­mont-Fer­rand plu­tôt que Paris ou Lyon ou une autre grande ville facile d'accès ?

J : Avant de créer Tai­lor­Dev, j'ai rejoint un ami à la co-gérance d'une agence de com­mu­ni­ca­tion basée sur Tou­louse. Mon objec­tif était de mon­ter en com­pé­tences en déve­lop­pe­ment web et d'avoir une pre­mière expé­rience entre­pre­neu­riale. J'ai donc eu l'occasion de faire du site e‑commerce et de déve­lop­per des plate-formes de ges­tion pour de grands orga­nismes publics ou pri­vés.

Suite à diverses sol­li­ci­ta­tions de mon réseau pro­fes­sion­nel, j'ai déci­dé de me foca­li­ser sur les sciences de la vie, mon domaine de pré­di­lec­tion. À l'heure actuelle, Tai­lor­Dev fait plus d'informatique pour la bio­lo­gie que de bio-infor­ma­tique à pro­pre­ment par­ler, en ce sens que pour le moment nous ne déve­lop­pons pas de méthodes ou n'avons pas mis en place de ser­vices d'analyse bio-infor­ma­tique.

Et pour­quoi Cler­mont-Fer­rand ? Pour être tout à fait juste, quand ma femme a eu l'occasion de faire un post-doc, nous avons eu le choix entre San Die­go (CA) et Cler­mont-Fer­rand, et nous trou­vions que la Cali­for­nie, "C'était un peu sur-fait", Cler­mont s'est alors impo­sé comme un choix évident 🙂

M : Du coup, tu es ton propre patron. Pour­rais-tu nous en dire un peu plus sur ton quo­ti­dien ?

J : En effet, j'ai cette liber­té d'être mon propre patron. Mais, avec le recul, pour le moment, j'ai autant de liber­té d'action en tant qu'entrepreneur que j'en avais à l'université. J'ai juste plus de cas­quettes dif­fé­rentes à por­ter.

C'est une expé­rience qui vaut la peine d'être vécue si l'on est pré­pa­ré aux sacri­fices per­son­nels que cela implique : être papa, bri­co­leur du dimanche et entre­pre­neur n'est pas de tout repos ! Et si en plus on veut avoir une vie sociale… on ne dort pas beau­coup 🙂 Mais tant que l'on est entou­ré, que la san­té et la pas­sion sont là, tout va.

M : Tai­lor­Dev va sor­tir artich​.io (on pro­nonce arti­chaut). Si j'ai bien com­pris c'est une sorte de cahier de labo col­la­bo­ra­tif. Tu peux nous en dire plus ? Pour­quoi t'être lan­cé dans ce type d'implémentation/projet ?

J : Per­son­nel­le­ment je pro­nonce artic­cio (à l'italienne, sans les mains), mais après nous lais­se­rons nos uti­li­sa­teurs déci­der de la pro­non­cia­tion qui leur sied le mieux.

artich​.io est avant tout une plate-forme col­la­bo­ra­tive à des­ti­na­tion des cher­cheurs (en sciences de la vie). Notre objec­tif est de four­nir un ensemble d'outils qui per­mettent aux cher­cheurs de struc­tu­rer leur recherche, de sécu­ri­ser leur pro­duc­tion scien­ti­fique, de rendre plus confor­table les col­la­bo­ra­tions inter­na­tio­nales, et de leur per­mettre d'ouvrir leurs tra­vaux de recherche à l'ensemble de la socié­té, scien­ti­fiques et citoyens. Oui, nous par­lons bien ici d'Open Science.

La pre­mière brique que nous avons déve­lop­pé est en effet un cahier de labo­ra­toire élec­tro­nique, car cela nous sem­blait être un pré-requis com­mun à tout cher­cheur quel que soit son domaine d'activité. Au delà de cet aspect mar­ché, la déma­té­ria­li­sa­tion d'un tel docu­ment a une forte valeur ajou­tée pour un labo­ra­toire de recherche : un relec­teur pour­ra com­men­ter cer­tains para­graphes du cahier de labo­ra­toire élec­tro­nique pour inter­agir avec son auteur ; l'auteur sera capable de lier des docu­ments élec­tro­niques à une note de son cahier de labo­ra­toire ; l'auteur pour­ra recher­cher très rapi­de­ment tous ses tra­vaux en rela­tion avec un mot clé ; etc.

M : Pour­quoi ce nom ?

J : Pour deux rai­sons : la pre­mière c'est la "french-touch" que nous vou­lions don­ner à la marque, et, la seconde réside dans la méta­phore de l'artichaut : chaque feuille repré­sente une appli­ca­tion atta­chée à sa base au cœur de l'artichaut : la plate-forme.

M : Le cahier de  labo est un docu­ment offi­ciel et son accès plu­sieurs années (voire dizaines d'années) après sa rédac­tion doit-être garan­ti. Com­ment tai­lor­dev garan­ti cela ?

J : Pour le moment, nous garan­tis­sons la péren­ni­té des don­nées sur nos ser­veurs et la pos­si­bi­li­té à nos uti­li­sa­teurs d’exporter ces don­nées. Chaque ins­ti­tut, uni­ver­si­té ou entre­prise a un pro­cess par­ti­cu­lier pour gérer ses cahiers de labo­ra­toires majo­ri­tai­re­ment papier : ils peuvent être pris en charge par des notaires ou des entre­prises spé­cia­li­sées. L’export PDF des cahiers de labo­ra­toires depuis artich​.io ne sera donc pas dis­rup­tif dans ces cas.

Dans le cas où cer­tains clients sou­hai­te­raient une déma­té­ria­li­sa­tion totale de leur cahier de labo­ra­toires, nous nous sommes déjà rap­pro­chés d’entreprises spé­cia­li­sées dans le sto­ckage à valeur pro­ba­toire. C’est une option que nous pour­rons pro­po­ser à nos clients dans l’année de la com­mer­cia­li­sa­tion.

M : Et du coup, as-tu déjà une idée d'applications qui seront ajou­tées à la pla­te­forme après le cahier de labo­ra­toire élec­tro­nique ?

Oui, nous avons pen­sé aux mon­tages de pro­jets ANR (ou EU) : les cher­cheurs pour­ront rédi­ger leur dos­sier de sou­mis­sion direc­te­ment sur artich​.io. L'objectif est de défi­nir ses work packages (WP), asso­cier des miles­tones et tâches à chaque WP, et, consti­tuer les équipes du pro­jet en invi­tant des par­te­naires à rédi­ger leur conte­nu sur le WP dont ils sont res­pon­sables. Le dos­sier pour­ra ensuite être expor­té au bon for­mat pour sou­mis­sion en réponse à l'appel à pro­jet. Fini les emails avec des pièces jointes à n'en plus finir et le casse tête du ver­sion­ning de fichiers à l'ancienne !

Ensuite, nous avons dans notre road­map des appli­ca­tions plus métier autour de la visua­li­sa­tion et l'exploration de la base des connais­sances d'un labo­ra­toire. Mais c'est encore un peu pré­ma­tu­ré d'en par­ler.

Y : Pour reprendre artich​.io, quel a été le type de veille qui t'a ame­né à te lan­cer là dedans ?

J : Nous nous sommes lan­cés dans l'aventure à par­tir du moment, où nous n'avons rien trou­vé en ligne qui per­mette à un groupe de cher­cheurs d'interagir sim­ple­ment, de valo­ri­ser leur pro­duc­tion et de sim­pli­fier leur ges­tion de pro­jet. Il y a beau­coup de métiers dans un tel outil, et les solu­tions géné­ra­listes dis­po­nibles ne répondent pas aux attentes de la plu­part des cher­cheurs.

Y : Quels ont été tes/​vos choix tech­niques et pour­quoi ? Com­ment celui-ci va etre dis­tri­bué (prix, for­ma­tion, ins­tal­la­tion) ? Sous quelle licence ?

J : artich​.io sera dis­tri­bué en mode SaaS (Soft­ware as a Ser­vice), donc du logi­ciel en mode loca­tif comme peuvent l'être Net­flix ou Spo­ti­fy pour ne pas les citer. Il n'y aura a prio­ri rien à ins­tal­ler pour nos clients si ce n'est un navi­ga­teur web moderne (pas IE<10 quoi).

Mon asso­cié étant un évan­gé­liste de l'Open Source, ouvrir la plate-forme sous une licence libre est une éven­tua­li­té que nous consi­dé­rons très sérieu­se­ment. Une par­tie de nos déve­lop­pe­ments est d'ailleurs déjà dis­tri­buée libre­ment et dis­po­nible sur notre github.

Y : Tai­lor­Dev a‑t'il d'autres pro­jets ? Si oui, tu peux nous en par­ler un peu plus ?

J : Oui en paral­lèle d'artich​.io, nous avons une acti­vi­té de ser­vice pour les labo­ra­toires de recherche publics ou pri­vés. Nous fai­sons du conseil et du déve­lop­pe­ment pour les assis­ter dans la modé­li­sa­tion de leur don­nées, la valo­ri­sa­tion de ces don­nées (mise en place d'APIs REST) et la concep­tion d'interfaces web pour les inter­ro­ger et les visua­li­ser.

M et Y : Mer­ci Julien de t'être prê­té à cet exer­cice et d'avoir répon­du à nos ques­tions.

 

Mer­ci à Yoann M. et aux relec­teurs Clem_​, Kum­qua­tum et Hed­jour

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Commentaires

Une réponse à “Questions à… Julien Maupetit”

  1. Vrai­ment cap­ti­vant, d'autant plus que j'ai un pro­jet qui res­semble un peu à Tay­lor­Dev ! Mais le pro­blème c'est que je suis étu­diant en License et je n'ai pas assez de connais­sances !

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