Oyez, oyez humble lecteur, aujourd'hui je vous propose de partir en voyage dans le monde de la toxicologie. À quoi peut bien servir les données OMICS pour un toxicologue ? Hé bien, à faire de la toxicogénomique pardi !
Dans ce billet je vous propose une petite porte sur ce domaine d'application des omics et de se demander à quoi ça sert au quotidien !
C'est quoi la toxicologie ?
Avant d'introduire plus en détail la toxicogénomique, il me semble intéressant de remonter d'un niveau et faire une définition simplifiée de la toxicologie. Pour un bioinformaticien/statisticien/data truc de mon espèce, un toxicologue est un individu de la famille des biologistes/pharmaciens, qui a des enjeux spécifiques : étudier l'effet de tout ce qui pourrait être nocif pour un être vivant (souvent l'Homme, mais les plus gentils s’intéressent à l’entièreté du vivant).
Un toxicologue au quotidien évalue le danger causé par une molécule ou par un mélange de molécules pour un usage donné. Son travail consiste à s'assurer de la sécurité des produits qu'il évalue. Cette évaluation se fait sur un ensemble d'indicateurs selon le besoin.
Est-ce qu'une substance va irriter les yeux ? Va-t-elle être assimilée dans les organes ou bien s'accumulera-t-elle dans l'eau ? Va‑t'elle perturber des espèces vivantes ?
Voilà autant d'indicateurs qu'un toxicologue peut évaluer selon son domaine d'expertise.
Comment le toxicologue va‑t'il s'y prendre ?
Pour chaque indicateur qu'il évalue, il va chercher les dangers possibles (hazard, e.g.: le requin) et les chances que ça arrive (exposition, e.g.: va te baigner au mauvais endroit) pour en évaluer le risque. En fonction de ce risque, il rendra une décision précise de ’GO/No GO’ qui rentrera dans son évaluation.
Comme tout biologiste déguisé qu'est un toxicologue, celui-ci a besoin de nous ! Vous vous en doutez, nous en tant que bioinformaticiens, notre boulot c'est de lui donner les outils mathématiques/statistiques/big data dont il a besoin pour avancer dans ces évaluations. Petite spécificité de son monde, comme le toxicologue évalue le danger, c'est un gros PEUREUX ! Toute erreur lui fait peur vu les conséquences. Avec ce type de profil, les faux négatifs sont l'ennemi absolu (par contre les faux positifs hum… au moins on a été safe!).
À quoi bon faire des OMICS pour faire de la toxicologie ?
Dans toute la myriade de problèmes que le toxicologue doit traiter, la donnée OMICS est un outil parmi d'autres pour l'aider à faire son évaluation du risque.
De manière générale, la toxicogénomique est utilisée pour comprendre la sensibilisation (réaction d’allergie), la reprotoxicité (est-ce qu’une molécule affecte la fertilité), la perturbation endocrinienne et l’ADME (administration, distribution, métabolisation et excrétion).
C’est donc un outil commun dont les méthodes continuent d’évoluer et de s’affiner !
Le meilleur moyen de comprendre pourquoi est de regarder un petit peu la littérature. Pour faire un résumé aux plus fainéants d’entre nous, quand on utilise la toxicogénomique pour évaluer d’un effet toxique d’une molécule (peu importe l’effet), on regarde si la molécule va déclencher une signature ou une cascade de gènes donnés causant une réaction physiologique.
Si j’expose ma peau à cette molécule, est-ce que je vais avoir des gènes responsables de l’inflammation cutanée qui sont exprimés ?
C’est ce type de question qu’on pourra alors regarder !
Si l’on scrute plus en profondeur les méthodes utilisées pour ce champ de recherche, je pense que tout expert en RNA-seq reconnaîtra des méthodes assez communes. Lorsque l’on fait du RNA-seq pour de la toxicologie, on ne va pas chercher à aligner des reads avec autre chose que Bowtie ou star par exemple.
Comme bien souvent dans notre métier, le domaine d’application va simplement guider, pousser nos méthodes à des petites différences subtiles tout en gardant la même base.
Dans ce cas d’usage précis, un toxicologue aura un réflexe conservateur. À choisir entre faux négatif et faux positif (pour prédire le danger), il préférera toujours éliminer tout risque de faux négatif (ne pas voir un potentiel danger).
À ne pas confondre avec génotoxicité !
Amis biologistes, vous êtes des maîtres incontestables du juste mot. Amis bioinformaticiens, pour conclure sur cet éveil à une thématique, je vous propose un petit rappel de sémantique élémentaire :
Quelle est la différence entre toxicogénomique et génotoxicité ?
Si dans votre tête la différence entre génétique et génomique apparaît, vous êtes sur la bonne piste. La génotoxicité, c'est le regard du fait qu’un composé va altérer notre ADN, comme le bromure d’éthidium (BET) par exemple.
Si vous avez suivi, c’est donc un point qu’un toxicologue peut regarder. La toxicogénomique, elle, est un outil, une méthode pour tous les points d’évaluations du toxicologue.
Vous l’aurez compris, sans faire la moindre publicité pour ce domaine ni pour une quelconque entité, la toxicogénomique est un champ de recherche pleinement actif à différents usages.
Mes remerciements les plus forcés sincères à nos relecteurs de la semaine : Yo, Azerin, Samuel ortion
Je remercie également car je suis le seul a le faire, nos humbles administrateurs toujours là, toujours debout : Yo, ZaZo0o, Kumquatum !
Un grand merci à Yo pour le dernier article ou il aura mit la pâte, et pour m'avoir supporté toutes ces années d'aventures 🙂
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