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Introduction à la ligne de commande

Lan­gage : Shell
Niveau : Grand débu­tant

Ce tuto­riel n'a ori­gi­nel­le­ment pas été écrit ni pour ce blog, ni pour des bio­in­for­ma­ti­ciens, (ni par moi), mais je pense qu'il a tout à fait sa place ici car il donne les clés pour que n'importe qui puisse se fami­lia­ri­ser avec la ligne de com­mande et sera sûre­ment très utile pour par exemple des bio­lo­gistes qui veulent s'essayer à la bio­in­for­ma­tique.

L'objectif de ce tuto­riel est de démys­ti­fier cet outil qu'est la ligne de com­mande, et consti­tue d'abord une intro­duc­tion à celui-ci. Ensuite on rentre plus dans le détail, et on voit com­ment uti­li­ser la ligne de com­mande comme navi­ga­teur de fichiers. Dans un troi­sième temps, on essaie de don­ner un pano­ra­ma de cer­taines des tâches les plus cou­rantes (dates, calen­drier, gérer les pro­ces­sus, etc…) qui peuvent être gérées éga­le­ment en ligne de com­mande. Une der­nière par­tie est consa­crée à quelques remarques et pistes d'approfondissement.

Les para­graphes débu­tant par « Note. » dis­cutent de détails (tech­niques, his­to­riques,…) qui ne sont pas néces­saires à la com­pré­hen­sion du tuto­riel.

Introduction

Tout d'abord, qu'est-ce que la ligne de com­mande ? Pour le savoir il faut pour com­men­cer lan­cer un ému­la­teur de ter­mi­nal (l'application gnome-ter­mi­nal sur Gnome, kon­sole sur KDE). Le lec­teur est invi­té à le faire, afin de pou­voir tes­ter au fur et à mesure de façon active les exemples qui seront pro­po­sés.

Une fois un ému­la­teur de ter­mi­nal ouvert, on se retrouve donc en ligne de com­mande : c'est‑à dire une invite de com­mande, géné­ra­le­ment un éven­tuel bout de texte avec des infos sui­vi d'un sym­bole comme $, > ou #, ce qui donne par exemple toto@ordimaison $ ou tout sim­ple­ment $. On se retrouve alors à deman­der des choses à la machine dans un lan­gage pré­sen­tant des simi­la­ri­tés avec le lan­gage natu­rel, spé­cia­le­ment avec le mode impé­ra­tif.

On doit en effet écrire des phrases qui sont des ordres. Tout ordre a besoin d'un verbe, on parle bien sûr des com­mandes. Ce qui donne par exemple en écri­vant ls après le dol­lar de l'invite de com­mande :

ls

qui liste des fichiers et dos­siers dans le réper­toire cou­rant. Ici on voit qu'il y a un dos­sier Documents et un fichier tuto.txt . Remar­quons qu'après la com­mande, on reçoit une nou­velle invite de com­mande.

Chaque com­mande est en géné­ral en fait le nom d'un pro­gramme qui se trouve géné­ra­le­ment dans le dos­sier /bin ou /usr/bin, hor­mis quelques com­mandes basiques qui sont par­fois inté­grées au pro­gramme four­nis­sant l'interface en ligne de com­mande (le shell).

Mais cer­tains ordres ont besoin de plus qu'un verbe, il nous faut un ou plu­sieurs com­plé­ments d'objets, des objets sur lequels porte l'ordre : c'est le rôle des argu­ments. Par exemple :

qui fait une copie du fichier tuto.txt sur un nou­veau fichier nom­mé tuto-sauvegarde.txt. Les argu­ments doivent par­fois res­pec­ter un ordre pré­cis, comme c'est le cas ici : l'ordre est ce qui rem­place la pré­po­si­tion « sur » dans la phrase « copie tuto.txt sur tuto-sauvegarde.txt ».

On remar­que­ra que tout comme avec le lan­gage natu­rel, les dif­fé­rents mots sont sépa­rés par des espaces.

Bien sûr, ce n'est pas encore fini, ce serait trop simple ! Un verbe peut en effet être nuan­cé à l'aide d'adverbes, et il en est de même pour les com­mandes grâce aux options. Par exemple :

ls-l

L'option -l nuance la com­mande ls en lui pré­ci­sant qu'on veut une liste détaillée (-l pour "long"). On obtient plus de détails sur les­quels on n'insistera pas ici, mais notons tou­te­fois le fichier tuto-sauvegarde.txt qui est appa­ru suite à la com­mande cp de tout-à‑l'heure. D'autres options sont pos­sibles, comme ls -S qui pré­cise que les fichiers doivent être triés en fonc­tion de leur taille (-S pour "size").

Cer­taines options, pour des rai­sons mné­mo­tech­niques, uti­lisent plu­sieurs carac­tères : pour le ls on peut écrire --size au lieu de -s par exemple pour affi­cher la taille des fichiers (Notons l'utilisation de -- au lieu de -). Remar­quons au pas­sage que -s et -S repré­sentent des options dif­fé­rentes !

Note. Ceci est vrai pour le ls du pro­jet GNU, qui est vrai­sem­bla­ble­ment celui qui se trouve sur votre ordi­na­teur si vous avez par exemple Ubun­tu d'installé. Mais sur les sys­tèmes BSD par exemple, les com­mandes ont rare­ment des options longues, et le nombre d'options est aus­si sou­vent moindre.

Enfin, cer­taines options peuvent avoir un argu­ment qui les suit, tout comme la com­mande a des argu­ments. C'est à rap­pro­cher avec des expres­sions comme « liste en tri­ant en fonc­tion de la taille » : le « en fonc­tion de la taille » est un argu­ment de l'option « en tri­ant » de la com­mande « liste ». En vraie syn­taxe cela donne ls --sort size.

On peut mixer les dif­fé­rentes options lorsque cela a un sens, et écrire indif­fé­rem­ment ls --sort size -l ou ls -l --sort size pour obte­nir une liste détaillée et triée sui­vant la taille. Les options courtes peuvent sou­vent être mises ensemble : par exemple ls -l -S peut être abré­gé en ls -lS , d'où le besoin des -- pour dis­tin­guer les options longues et courtes.

Voi­là, c'est en gros tout ce qu'il faut vrai­ment savoir sur la syn­taxe de la ligne de com­mande. Reste bien sûr à connaître quelles options peuvent être pas­sées à une com­mande don­née, et quels sont les argu­ments qu'elle attend. C'est là que font sur­face les pages de manuel et la com­mande man, aux­quelles une sec­tion est consa­crée plus loin.

La console : votre nouveau navigateur de fichiers

Manipulations de base

Comme le lec­teur atten­tif aura peut-être remar­qué, il a été ques­tion à un moment de dos­sier ou réper­toire cou­rant. Cela tient à ce que lorsqu'on est en ligne de com­mande, on se situe à un endroit don­né de l'arborescence de fichiers, consul­table à l'aide de la com­mande pwd (sans argu­ments), et qui par­fois est aus­si affi­ché dans les infor­ma­tions de l'invite de com­mande. Au démar­rage du ter­mi­nal pwd affi­che­ra quelque chose comme /home/toto qui signi­fie que le réper­toire cou­rant est le sous-réper­toire toto du réper­toire /home issu de la racine /.

On peut chan­ger le réper­toire cou­rant à l'aide de la com­mande cd (change direc­to­ry). On a déjà vu que l'on peut copier des fichiers. Il n'en faut pas plus pour se rendre compte que l'on peut effec­tuer toutes les tâches d'un navi­ga­teur de fichiers. Réca­pi­tu­lons (chaque ligne est sui­vie d'un com­men­taire après le sym­bole # ) :

Le nouveau-dossier peut être spé­ci­fié par le nom du che­min com­plet, par exemple /home/toto/Documents ou par un che­min rela­tif comme Documents si le réper­toire cou­rant est /home/toto. Ceci vaut aus­si pour les noms de fichiers de la com­mande cp on mani­pule donc des che­mins, qui peuvent cor­res­pondre à un fichier ou un dos­sier. Notons que le réper­toire per­son­nel /home/toto de l'utilisateur toto peut être abré­gé en ~ ou $HOME ce qui per­met d'écrire aus­si cd ~/Documents. Enfin, la com­mande cd appe­lée sans argu­ment est équi­va­lente à cd ~.

Une fonc­tion­na­li­té très pra­tique pour spé­ci­fier les che­mins est la com­plé­tion auto­ma­tique avec la touche <tab> . Par exemple on com­mence par écrire cd Doc puis on presse <tab> ce qui com­plète en cd Documents s'il n'y a pas d'ambiguïté.

Deux dos­siers spé­ciaux ont un nom par­ti­cu­lier : le dos­sier cou­rant, et le dos­sier juste au-des­sus dans l'arborescence. Le pre­mier s'appelle . , et le deuxième .. . Ain­si, pour reve­nir au dos­sier parent on écri­ra :

La com­mande mv per­met de bou­ger ou renom­mer des fichiers ou dos­siers, et s'utilise comme la com­mande cp : mv chemin nouveau-chemin.

Enfin, la com­mande rm chemin per­met d'éliminer le fichier dont le nom est don­né par chemin.

Par prin­cipe de pré­cau­tion, cp et rm ne peuvent pas copier ou éli­mi­ner des dos­siers entiers et ce qu'ils contiennent si l'on n'utilise pas l'option -r (récur­sif).

On peut faire des mani­pu­la­tions plus com­plexes comme copier tous les pdfs à la fois du dos­sier cou­rant dans le dos­sier Documents :

grâce à l'astérisque *. En gros *.pdf est un rac­cour­ci qui sera rem­pla­cé par la liste de tous les fichiers dont le nom ter­mine par .pdf. Donc par exemple si tuto.pdf et autre-tuto.pdf sont les pdfs du dos­sier cou­rant, *.pdf est équi­valent à tuto.pdf autre-tuto.pdf.

La com­mande mkdir per­met de créer un nou­veau dos­sier, et la com­mande rmdir per­met d'éliminer un dos­sier vide.

Une petite image de petite ses­sion de navi­ga­tion :

naviguer

Note. Tout dos­sier ou fichier a des per­mis­sions quant aux droits d'écriture, lec­ture et exé­cu­tion, et un pro­prié­taire. Les com­mandes per­met­tant de gérer ceci sont chmod (change file modes) pour les droits et chown (change owner) pour le pro­prié­taire. Par exemple chmod a+w tuto.txt rend le fichier tuto.txt écri­vable ( w pour "wri­table") par n'importe quel uti­li­sa­teur ( a pour "all"), ce qui est pro­ba­ble­ment une mau­vaise idée, dit en pas­sant. L'utilisation de ces deux com­mandes est détaillée dans les pages man des com­mandes res­pec­tives.

Fichiers d'un format particulier (exemple : images)

Sou­vent, un navi­ga­teur de fichiers vous per­met­tra d'ouvrir une image avec votre logi­ciel de visua­li­sa­tion par défaut à l'aide d'un double clic sur un fichier conte­nant une image (toto.jpg ou toto.png par exemple). En ligne de com­mande pour arri­ver au même résul­tat il suf­fit de lan­cer le logi­ciel vision­neur d'images sur un fichier don­né en argu­ment. On donne ici l'exemple du vision­neur d'images feh, mais n'importe lequel (eog, gwen­view, ris­tret­to, etc…) fera l'affaire.

Pour lire un pdf ce sera ana­logue avec des logi­ciels comme evince, oku­lar, epdf­view, zathu­ra… Par exemple avec evince :

Enfin, pour une vidéo par exemple avec vlc ou mplayer :

Notons que si l'utilisateur ne connaît pas le type de fichier, et ne sait pas avec quel logi­ciel il peut le lire, il peut uti­li­ser la com­mande xdg-open qui lan­ce­ra le pro­gramme par défaut asso­cié à ce type de fichier. Par exemple :

Le lec­teur remar­que­ra que jusqu'à ce qu'il ferme le vision­neur d'images, de pdf, ou vidéos, il ne peut plus écrire de com­mandes, car la ligne de com­mande attend que l'exécution du pro­gramme de visua­li­sa­tion soit ter­mi­née. Afin de pou­voir conti­nuer à écrire des com­mandes sans avoir à fer­mer le pro­gramme de visua­li­sa­tion, on peut uti­li­ser le sym­bole & en fin de com­mande, qui cor­res­pond exac­te­ment à cette demande. Par exemple :

Note. Fer­mer la fenêtre de l'émulateur de ter­mi­nal avant le vision­neur d'images ou de pdf aura pour consé­quence de tout fer­mer à la fois. Si cela s'avère gênant, la com­mande peut être pré­cé­dée de nohup , qui détache com­plè­te­ment du shell l'exécution de la com­mande (nohup n'est rien d'autre qu'une com­mande qui prend une autre com­mande en argu­ment !).

Autres tâches habituelles de type desktop

Dates

La com­mande date per­met d'afficher la date actuelle, et la com­mande cal per­met d'afficher un calen­drier. Par défaut seul le mois actuel est affi­ché, mais l'option -y (year) per­met d'afficher le calen­drier de toute l'année, et -m (mon­day) per­met de faire com­men­cer les semaines à lun­di.

Arrêter/​redémarrer

La com­mande halt per­met d'arrêter le sys­tème. Les droits d'administrateur étant pro­ba­ble­ment requis sur votre sys­tème pour cette action, il faut pro­ba­ble­ment faire pré­cé­der la com­mande de sudo . De façon ana­logue, la com­mande reboot per­met de redé­mar­rer.

Il existe aus­si des com­mandes pour hyber­ner, sus­pendre, etc… On ren­voie le lec­teur à la page man pm-action :

Fermer l'émulateur de terminal

Il suf­fit de fer­mer la fenêtre. Mais on peut aus­si uti­li­ser la com­mande exit sans argu­ments.

Gérer plusieurs écrans (par exemple : vidéoprojecteur)

La com­mande xrandr per­met de faci­le­ment gérer les écrans, et un simple xrandr --auto suf­fi­ra nor­ma­le­ment à détec­ter et confi­gu­rer un rétro­pro­jec­teur par exemple.

Installer/​désinstaller des programmes

Ceci se doit d'être fait à l'aide du ges­tion­naire de paquets en usage dans votre sys­tème d'exploitation. Ce peut être par exemple apt-get ou aptitude , ou yum sui­vant la dis­tri­bu­tion. Le lec­teur est invi­té à consul­ter la docu­men­ta­tion offi­cielle de sa dis­tri­bu­tion à ce sujet.

Gérer les processus

Un besoin typique que l'on peut ren­con­trer est celui de devoir for­cer l'arrêt d'un pro­gramme qui ne répon­drait plus. Un pro­gramme en cours d'exécution est appe­lé pro­ces­sus. La com­mande top donne une liste des pro­ces­sus les plus actifs, et donne un cer­tain nombre d'informations sur chaque pro­ces­sus, et s'actualise avec le temps. Pour quit­ter il faut pres­ser la touche q (quit) et h (help) four­nit un écran d'aide. Les infor­ma­tions plus impor­tantes sont le nom de la com­mande ayant don­né lieu à l'existence du pro­ces­sus, l'utilisation du CPU (pro­ces­seur), et le numé­ro PID (pro­cess iden­ti­fier), iden­ti­fiant unique qui carac­té­rise le pro­ces­sus.

Sup­po­sons que l'on a démar­ré fire­fox, par exemple en tapant la com­mande firefox & . Alors en uti­li­sant top avec l'option -u toto (-u pour "user"), on obtien­dra des infor­ma­tions sur tous les pro­ces­sus lan­cés par l'utilisateur toto, ce qui don­ne­ra :

top

Les pre­mières lignes donnent des infor­ma­tions géné­rales sur le sys­tème, et ensuite vient la liste des pro­ces­sus, ici bash (qui four­nit la ligne de com­mande) et firefox. En géné­ral il y aura beau­coup plus de pro­ces­sus, mais ici on a sim­pli­fié pour des rai­sons péda­go­giques.

Une autre com­mande avec des objec­tifs simi­laires mais non inté­rac­tive est ps, on ren­voie à sa page man pour son uti­li­sa­tion.

Sup­po­sons par exemple que fire­fox ne répond plus. Le numé­ro PID de fire­fox est 9179 donc on peut uti­li­ser la com­mande :

Ce qui essaie­ra de mettre fin à l'application gen­ti­ment. Si cela n'a pas d'effet c'est que l'option -9 de kill doit être ten­tée. Sou­vent, lorsque le pro­gramme qui pose sou­ci a un nom par­ti­cu­lier, il est plus pra­tique d'utiliser la com­mande pkill qui fonc­tionne simi­lai­re­ment à kill (et accepte aus­si l'option -9 ) mais prend un nom et non un PID en argu­ment.

Le lec­teur est invi­té à véri­fier avec top que le pro­ces­sus firefox n'apparaît plus.

Et maintenant ?

En savoir plus sur les pages man

Les pages de manuel peuvent être consul­tées à l'aide de la com­mande man :

pour connaître tous les détails sur les options et argu­ments que peut admettre la com­mande ls. La touche h per­met d'obtenir un écran d'aide sur les touches uti­li­sables. Les plus utiles sont les touches direc­tion­nelles pour mon­ter ou des­cendre (ou les touches j et k ), et les touches u (up) et d (down) pour avan­cer ou recu­ler d'un demi-écran. On don­ne­ra en annexe quelques conseils pour bien com­prendre une page de manuel. Lorsqu'on ne connaît pas encore le nom de la com­mande que l'on cherche, on peut ten­ter sa chance avec la com­mande apropos .

qui don­ne­ra une liste de pages de manuels en rap­port avec ce mot clé, mais pour une uti­li­sa­tion simple c'est aus­si bien de se faire une petite liste à la main sur un papier, ou sur un simple fichier de texte, et ça évite d'être débor­dé par le nombre de com­mandes.

Une page man est tou­jours struc­tu­rée sui­vant un même sché­ma. Elle est orga­ni­sée en sec­tions, dont les plus impor­tantes sont la sec­tion NOM (NAME en anglais), la sec­tion SYNOPSIS et la sec­tion DESCRIPTION. La sec­tion NOM donne juste le nom du pro­gramme et une brève phrase de des­crip­tion. La sec­tion DESCRIPTION donne une des­crip­tion détaillée de la com­mande, géné­ra­le­ment sui­vie par la des­crip­tion des dif­fé­rentes options. La sec­tion SYNOPSIS est un peu par­ti­cu­lière : elle donne for­mel­le­ment de l'information sur la syn­taxe qu'admet la com­mande. Par exemple pour la com­mande ls on a quelque chose de simple comme :

Les mots option et file spé­ci­fient s'il s'agit d'une option ou d'un nom de fichier. Le fait qu'ils soient entre cro­chets signi­fie qu'ils sont option­nels. En effet, les options pour ls sont toutes option­nelles, et ls sans argu­ments ren­voie, on l'a vu, la liste des fichiers et dos­siers dans le dos­sier cou­rant, tan­dis que ls /home/toto/Documents don­ne­ra la liste dans le dos­sier Documents. Enfin, les trois petits points signi­fient qu'il peut y avoir autant d'options ou de fichiers qu'on veut. A prio­ri l'ordre a une impor­tance, et les options doivent venir avant les noms de fichiers, mais sou­vent les com­mandes per­mettent en pra­tique de mélan­ger argu­ments et options.

Par­fois, lorsque le nombre d'options n'est pas trop impor­tant leur liste sera direc­te­ment don­née dans la sec­tion SYNOPSIS. Pour un ls très basique on pour­rait par exemple avoir :

Il peut aus­si y avoir plu­sieurs lignes dans cette sec­tion, cor­res­pon­dant à des usages dif­fé­rents d'une même com­mande. On ver­ra aus­si par­fois la syn­taxe --sort=size pour les options, avec un sym­bole = au lieu d'un espace. Par­fois, les mots comme file seront écrits <file>, en majus­cules ou d'une autre façon simi­laire, mais en géné­ral on retrouve faci­le­ment le sché­ma com­mun.

Note. La qua­li­té des pages man peut beau­coup varier d'un logi­ciel à un autre, ou d'un sys­tème d'exploitation à un autre.

En savoir plus sur le shell

Il arri­ve­ra par exemple qu'en lis­tant les fichiers dans un dos­sier, la liste étant trop longue, elle ne loge pas entiè­re­ment à l'écran. Dans ces cas-là il faut uti­li­ser un pageur (comme less ) à l'aide d'une pipe |. Par exemple :

ls /usr/share don­ne­ra la liste des fichiers qui se trouvent dans le dos­sier /usr/share , et l'enverra grâce au | au pro­gramme less afin de pou­voir par­cou­rir la liste des fichiers avec com­mo­di­té. less est le même pro­gramme qui sert à la lec­ture des pages man.

Une petite astuce dans le même esprit : sup­po­sons que pour une rai­son ou une autre, on veuille gar­der dans un fichier la sor­tie affi­chée par une com­mande. Dans ce cas on a besoin de ce qu'on appelle une redi­rec­tion de la sor­tie, qu'on effec­tue à l'aide du sym­bole > . Par exemple :

écri­ra un fichier texte nom­mé fichier.txt qui contien­dra la date actuelle, au lieu d'afficher la sor­tie de la com­mande date. Atten­tion : si le fichier fichier.txt exis­tait déjà, son conte­nu pré­cé­dent aura été effa­cé ! On peut ensuite lire le fichier par exemple avec la com­mande less . Si l'on vou­lait ajou­ter suc­ces­si­ve­ment des dates à un même fichier, il nous fau­drait uti­li­ser le sym­bole de redi­rec­tion >> , qui ajoute du texte à un fichier déjà exis­tant, mais sans rem­pla­cer le conte­nu exis­tant :

Un autre pro­blème typique est celui des espaces dans les noms de fichiers. En effet, si un dos­sier s'appelle tutoriel pour la ligne de commande , la ten­ta­tive pour se dépla­cer des­sus avec

sera vouée à l'échec, car la com­mande cd ne ver­ra que tutoriel en argu­ment. Une pre­mière méthode consiste à écrire le nom du dos­sier entre guille­ments :

ou bien d'utiliser le carac­tère d'échappement \ pour les espaces afin qu'ils soient inter­pré­tés lit­té­ra­le­ment :

Une bonne pra­tique cepen­dant pour évi­ter ce genre d'inconvenances est de ne pas uti­li­ser d'espaces pour les noms de fichiers ou dos­siers.

Note. D'un sys­tème d'exploitation à un autre le pro­gramme du shell n'est pas for­cé­ment le même. Sur la plu­part des dis­tri­bu­tions GNU/​Linux (comme Ubun­tu), le shell par défaut est bash. Ceci dit, la plu­part des shells ont une base com­mune (qui inclut tout ce qui est pré­sent dans ce tuto­riel). C'est pour cela que pour une expli­ca­tion plus détaillée des fonc­tion­na­li­tés, il est sans doute plus appro­prié de lire dans un pre­mier temps la page man d'un shell mini­mal comme dash ou de taille moyenne comme ksh que celles de bash ou zsh qui sont beau­coup plus longues car détaillent de nom­breuses exten­sions exo­tiques.

Logiciels qui s'intègrent bien avec la console

Comme on l'a vu, la ligne de com­mande peut ser­vir de point névral­gique à une uti­li­sa­tion de son desk­top, per­met­tant de lan­cer les dif­fé­rents logi­ciels dont on a besoin, en plus d'intégrer entre autres les fonc­tion­na­li­tés de navi­ga­teur de fichiers et ges­tion­naire de pro­ces­sus. De ce constat il s'avère par­fois com­mode d'utiliser des logi­ciels qui s'intègrent bien dans cet envi­ron­ne­ment, et ne néces­sitent pas for­cé­ment l'ouverture d'une nou­velle fenêtre, ou d'alterner trop sou­vent entre cla­vier et sou­ris.

Par exemple le logi­ciel task per­met de main­te­nir son agen­da à jour en ligne de com­mande, et est bien docu­men­té grâce à ses pages de manuel et tuto­riels.

Notons aus­si l'existence des logi­ciels uti­li­sant la biblio­thèque ncurses, qui per­met d'afficher des gra­phismes limi­tés mais simples et intui­tifs dans la fenêtre de l'émulateur de ter­mi­nal. Par exemple le logi­ciel mutt est un client mail qui uti­lise cette biblio­thèque, sa confi­gu­ra­tion étant un peu déli­cate le lec­teur est ren­voyé aux nom­breux tuto­riels trou­vables sur le web. On peut men­tion­ner moc, logi­ciel simple pour écou­ter de la musique, qui a quelques équi­va­lents du même type, ou le logi­ciel alsa­mixer ser­vant à confi­gu­rer des para­mètres de son.

Cer­tains de ces logi­ciels se confi­gurent à l'aide d'un fichier de confi­gu­ra­tion à édi­ter avec un édi­teur de texte quel­conque (gedit, kate,…). Le lec­teur pour­ra aus­si consi­dé­rer l'utilisation d'un édi­teur de texte en mode texte dans le ter­mi­nal comme nano ou mg, ou s'il a le cou­rage un édi­teur de texte plus com­plet comme vim ou emacs.

Enfin, le lec­teur vrai­ment curieux pour­ra se lais­ser ten­ter par un mul­ti­plexeur de ter­mi­nal comme tmux, qui per­met d'utiliser plu­sieurs ter­mi­naux dans une même fenêtre, et per­met par exemple de copier faci­le­ment du texte d'un ter­mi­nal à un autre, et de pas­ser rapi­de­ment d'un ter­mi­nal à un autre à l'aide de rac­cour­cis cla­vier.

Conclusion

Ce tuto­riel aura, espé­rons, per­mis aux per­sonnes inti­mi­dées par la ligne de com­mande de se sen­tir plus à l'aise main­te­nant, et d'avoir décou­vert de nou­veaux usages à celle-ci pas for­cé­ment très connus de tous.

On peut regret­ter que cer­taines tâches demandent encore un mini­mum de connais­sances tech­niques en ligne de com­mande, mais rien ne dit que dans le futur ces quelques dif­fi­cul­tés ne pour­ront pas être sur­mon­tées, per­met­tant au moins tech­ni­cien d'entre nous une uti­li­sa­tion de type desk­top pas­sant prin­ci­pa­le­ment par la ligne de com­mande si tel est son sou­hait.

Remarque dac­ty­lo­gra­phique. Notons qu'un des motifs qui peuvent rebu­ter un débu­tant dans la ligne de com­mande, est le simple fait qu'il faut écrire des com­mandes, et qu'écrire demande en soi une cer­taine com­pé­tence avec le cla­vier sous peine de se sen­tir mal à l'aise, lent, et d'avoir peur de faire des erreurs. C'est pour ça que sans doute un appren­tis­sage de la dac­ty­lo­gra­phie au cla­vier à l'aide par exemple d'un logi­ciel comme kla­va­ro est une bonne idée, voire un pré­re­quis pour une uti­li­sa­tion inten­sive des notions abor­dées dans ce tuto­riel. C'est aus­si un bon inves­tis­se­ment en géné­ral pour qui­conque ayant à écrire des textes sub­stan­tiels de temps en temps (mail, rap­port, etc…).


Écrit par Ana­se­to (contact), publié sous licence cc-by-sa. Tout un tas d'idées (images, xdg-open, pm-utils, lutte contre le tldr,…) pro­viennent de judi­cieuses remarques sur le forum de linux­fr :

https://​linux​fr​.org/​f​o​r​u​m​s​/​a​s​t​u​c​e​s​d​i​v​e​r​s​/​p​o​s​t​s​/​t​u​t​o​r​i​e​l​-​s​u​r​-​l​a​-​l​i​g​n​e​-​d​e​-​c​o​m​m​a​nde

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Commentaires

Une réponse à “Introduction à la ligne de commande”

  1. Rien à dire … très bien expli­qué.

    Mer­ci beau­coup 😀

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