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Séquençage : pas de nouveauté depuis les années 70 ?

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Oui, on sait, vous les Gee­kus bio­lo­gi­cus vous avez du être atti­rés par ce titre en vous disant qu'on est com­plè­te­ment rava­gés. Évi­dem­ment qu'il y a de la nou­veau­té en matière de séquen­çage !

Appa­rem­ment tout le monde n'est pas au cou­rant.

En effet, le 9 février, (au moins) deux articles, publiés dans des jour­naux grands publics (France3 et Le Monde), ont fait par­ler d'eux sur Twit­ter (suivre les fils de tweets ici ou encore ici). Ces deux articles trai­taient d'une nou­velle tech­no­lo­gie de séquen­çage ultra rapide inven­tée non pas aux États-Unis, non pas en Alle­magne, pas plus en Chine ou au Royaume-Uni, mais bien, coco­ri­co, en France par Auré­lien Ban­caud !

Là où le bât blesse, c'est que dans les deux articles que l'on a lu, on nous explique des choses sur­pre­nantes (bon car­ré­ment fausses en fait) :

Pour ana­ly­ser l'ADN […] la méthode […] n'a guère évo­lué depuis les années 70

nous explique-t-on chez France 3. Chez Le Monde, on nous explique ceci :

Pour séquen­cer l’ADN […] la méthode prin­ci­pale depuis la décen­nie 1970…

Ok… Donc d'après ces deux rédac­tions, il n'y a rien eu depuis les années 70 et la méthode… San­ger, qui est elle même drô­le­ment bien expli­quée par Le Monde :

Pour séquen­cer l’ADN, et ain­si obte­nir la carte d’identité géné­tique d’une espèce, la méthode prin­ci­pale depuis la décen­nie 1970 consiste à dépo­ser l’ADN sur une matrice, c’est-à-dire un moule ser­vant à repro­duire une empreinte, consti­tuée d’une sorte de gel. On fait ensuite pas­ser un cou­rant élec­trique au tra­vers de ce gel, et les mor­ceaux d’ADN se déplacent en fonc­tion de leur taille. L’image ain­si obte­nue forme un « code-barres ».

Si la tech­no­lo­gie pré­sen­tée (on n'en a pas (encore) par­lé ici, mais on vous encou­rage à y jeter un œil) a l'air inté­res­sante, la façon dont elle est pré­sen­tée par les médias grands publics pose quand même un pro­blème.

Vul­ga­ri­ser c'est bien, ne pas dire de bêtises en vul­ga­ri­sant c'est mieux !

Qui peut, en effet croire un ins­tant que depuis les années 70 il n'y ait eu aucune amé­lio­ra­tion des tech­no­lo­gies de séquen­çage ?
Il y a presque deux ans, dans ces colonnes, nous vous expli­quions l'évolution de ces tech­niques. Rap­pe­lons que le pre­mier génome humain a été séquen­cé au début des années 2000. Ce séquen­çage a duré plu­sieurs années et a coû­té la modique somme de 3 mil­liards de dol­lars. Aujourd'hui le séquen­çage d'un génome humain coûte envi­ron 1000$ et se fait en quelques jours. Nous vous fai­sions d'ailleurs un article d'opinion sur ces évo­lu­tions, leurs pos­sibles deve­nirs et les gardes-fous à mettre en place autour de tout cela.

Bon, on ne parle bien évi­dem­ment là que de la par­tie séquen­çage. Ce qui coûte cher et demande beau­coup de temps aujourd'hui c'est bien évi­dem­ment la par­tie ana­lyse. Et heu­reu­se­ment que pour cela nous autres bioinformaticien(ne)s, sommes là !
Bref… tout cela nous amène à plu­sieurs autres ques­tions, bien plus impor­tantes celles là. Est-ce les sciences et uni­que­ment elles qui sont mal trai­tées par les médias géné­ra­listes ? Ou est-ce que le niveau est le même dans tous les domaines ? On espère que ce n'est que la par­tie sciences, même si on avoue qu'on a un peu de mal à y croire…
L'autre ques­tion, qui nous tur­lu­pine, c'est de savoir com­ment, en tant que scien­ti­fiques, nous pou­vons faire en sorte que la vul­ga­ri­sa­tion se fasse le plus jus­te­ment pos­sible d'un point de vue scien­ti­fique. Car le dan­ger de ce type d'articles grands publics et géné­ra­listes, c'est qu'il sont beau­coup lus et donc par la force des choses cités et repris. En gros, ils font des petits (pour le cas cité dans cet article cela a d'ailleurs déjà bien com­men­cé ici, ici, ou encore ici par exemple). La com­pa­rai­son à un hoax n'est vrai­ment pas loin…

De nom­breux scien­ti­fiques éditent leur propre blogs d'éditions scien­ti­fique (comme par exemple notre ami Marc Robin­son Recha­vi), publient des vidéos sur You­tube (comme le très célèbre Doc­teur A.) ou font même du jour­na­lisme leur métier trans­ver­sal avec la science (comme Pierre Bar­thé­lé­my par exemple). Cela est évi­dem­ment bien, et on vous encou­rage vive­ment à aller dans ce sens (notam­ment en rédi­geant des articles ici par exemple pour ceux qui le sou­haitent), mais est-ce suf­fi­sant ?

La force de frappe des jour­naux télé ou des grands jour­naux natio­naux est énorme, et la moindre erreur énon­cée dans ces médias a une gigan­tesque réper­cus­sion (on se rap­pelle tous du mou­ton méduse fabri­qué à l'INRA). Le pro­blème est qu'à force d'être reprise par les médias géné­ra­listes, cer­taines idées finissent éga­le­ment par dif­fu­ser dans la com­mu­nau­té scien­ti­fique. On pense par exemple à l'énorme "buzz" ENCODE qui nous avait aus­si fait réagir à l'époque et qui néces­site encore aujourd'hui de la cla­ri­fi­ca­tion même au sein de la com­mu­nau­té scien­ti­fique. Ou encore le terme de fos­sile vivant, qui n'a abso­lu­ment rien de scien­ti­fique, et que l'on revoit sys­té­ma­ti­que­ment lorsque l'on parle du cœla­canthe ou d'espèces (sou­vent aqua­tique) pour les­quelles aucune autre espèce proche n'est connue et qui phé­no­ty­pi­que­ment par­lant res­semblent par­fois aux plus beaux monstres d'Hollywood. Rap­pe­lons, ici, au cas où, qu'un bon fos­sile est un fos­sile mort ! Et on ne vous parle pas de la théo­rie de l'évolution sur laquelle tout le monde pense être capable de don­ner son opi­nion, par­fois sans rien y com­prendre…

Nous nous per­met­tons donc par le biais de cet article et de ses com­men­taires d'ouvrir le débat, de vous per­mettre de vous expri­mer sur ce sujet et d'essayer ensemble de trou­ver des solu­tions.

A vos cla­viers.

 

Auteurs de l'article : m4rsu et Yoann M.

 

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Commentaires

20 réponses à “Séquençage : pas de nouveauté depuis les années 70 ?”

  1. A mon humble avis, seuls les scien­ti­fiques doivent publier des articles de sciences dans des médias grands publics. En d'autres termes, chaque redac­tion dois s'arranger à dif­fu­ser des articles scien­ti­fi­que­ment cor­rects et com­pré­hen­sibles par tout le monde !

    1. Yoann M.

      Avant de vul­ga­ri­ser il est impor­tant de connaître et com­prendre ce que l'on veut expli­quer.
      Sans ça, c'est per­du d'avance.

      Quant aux jour­na­listes "auteurs" de tous ces articles repor­tant l'information de l'AFP, c'est encore pire.
      Ça montre juste que le tra­vail de véri­fi­ca­tion en amont de l'article n'est clai­re­ment pas fait…et du coup c'est le lec­teur qui trinque en assi­mi­lant une infor­ma­tion à moi­tié erro­née.

      A ce jour nous n'avons reçu aucune réponse des jour­naux cités.

    2. Et puis géné­ra­li­sons : seuls les poli­tiques peuvent par­ler de poli­tique, seuls les spor­tifs par­ler de sport, seuls les les juristes par­ler des pro­cès en cours… Ils seraient clairs et agréables à lire, nos jour­naux !
      Un scien­ti­fique qui fait une erreur ne décré­di­bi­lise pas l'ensemble des scien­ti­fiques. De même, un (ou ici, deux) jour­na­listes qui font des erreurs ne jettent pas l'opprobre sur l'ensemble de la pro­fes­sion.

    3. Hon­nê­te­ment, ça ne me parait pas très "humble" comme avis ! Et même car­ré­ment faux, si je puis me per­mettre.

      D'accord que les articles doivent être cor­rects, mais ça c'est un tra­vail de bon jour­na­liste jus­te­ment. Si cet article est frap­pant, c'est qu'il est excep­tion­nel­le­ment mau­vais, mettre l'accent sur *excep­tion­nel­le­ment*.

  2. Avatar de François

    Je serais curieux de lire le com­mu­ni­qué de presse sur lequel se sont basés les jour­na­listes de FR3 et du Monde…

    1. Yoann M.

      Idem, ça doit venir de l'AFP mais manque de chance leur site est en rade.
      Quoiqu'il en soit, ils auraient mieux fait d'aller plu­tôt vers le com­mu­ni­qué du CNRS : https://www.laas.fr/public/sites/www.laas.fr.public/files/news/pdf/PrixAure%CC%81lienBancaud_TTT.pdf

  3. Avatar de Jonathan Sobel
    Jonathan Sobel

    A prio­ri il s'agit plu­tôt d'une tech­nique d'electrophorese que de séquen­çage à pro­pre­ment par­ler. En tout cas c'est ce que je com­prend en lisant le com­mu­ni­qué de Presse. Donc les jour­na­listes n'ont vrai­ment rien com­pris ! D'ou l'importance de Bioin​fo​-fr​.net et la néces­si­té de faire de la vul­ga­ri­sa­tion !

  4. Ce qui m'inquiète le plus lorsque je lis ce genre d'"article", c'est de consta­ter le niveau de culture scien­ti­fique proche du néant de cer­tains jour­na­listes dit scien­ti­fiques.
    Le plus inquié­tant étant lorsque l'on se ren­seigne sur la for­ma­tion en jour­na­lisme scien­ti­fique. En gros, il faut savoir vul­ga­ri­ser les sciences, mais il n'y a aucune obli­ga­tion à avoir une for­ma­tion scien­ti­fique. Je sup­pose donc que même un lit­té­raire avec un faible niveau scien­ti­fique, sans vou­loir les enfon­cer, peut deve­nir jour­na­liste scien­ti­fique.
    De plus, plus les années passent et plus la recherche avance. Même pour nous ça va par­fois trop vite. Or, il n'y a pas tant de maga­sines spé­cia­li­sés en Sciences que cela en France. Sur inter­net, nous pou­vons bien sûr comp­ter sur les sites de vul­ga­ri­sa­tion comme Futu­ra-Sciences ou encore les sites des maga­sines évo­qués.
    Le plus gros pro­blème, selon moi, et pour cela il fau­drait pou­voir trou­ver les chiffres, c'est qu'il semble qu'il y a bien peu de jour­na­listes scien­ti­fiques suf­fi­sam­ment curieux, ouverts d'esprit et avec un bon esprit cri­tique pour véhi­cu­ler cor­rec­te­ment les der­nières avan­cées scien­ti­fiques. Plus le temps passe et plus j'ai l'impression que ce qui inté­resse les jour­naux c'est de vendre leur papier, là, main­te­nant, tout de suite ! Et de ce fait, les articles perdent en qua­li­té, l'information se dilue et fini par deve­nir de la dés­in­for­ma­tion. Ce qui ne devrait pas être le cas !

    Ce que je vou­drai vrai­ment savoir c'est quelles sont les com­pé­tences deman­dées pour deve­nir jour­na­liste scien­ti­fiques ? Quels sont les cri­tères de publi­ca­tion éta­blis dans les dif­fé­rentes rédac­tion des jour­naux et maga­sines grands publics sans carac­tère scien­ti­fiques ?
    Il existe de très bons jour­na­listes scien­ti­fiques qui sont aus­si bien des scien­ti­fiques que des lit­té­raires, mais plus le temps passe, et moins j'ai l'impression de lire des articles de qua­li­té. Même avec mon bagage scien­ti­fique je n'arrive pas tou­jours à com­prendre ce que je lis. J'en arrive même par­fois à me deman­der si ce que je lis n'est pas une blague, tant cer­tains articles semblent avoir été écrits pour la caté­go­rie pseu­do-science…

    Mes­dames et mes­sieurs les jour­na­listes, direc­teurs de rédac­tions et tous les autres corps de métiers qui me sont incon­nus, véri­fiez vos sources. Ne vous conten­tez pas de res­sas­ser les mêmes âne­ries que vos col­lègues et allez cher­cher l'information où elle est ! J'en ai assez de lire un titre d'article et de me dire "cool" pour avoir une douche froide en lisant l'article et consta­ter que : soit je n'ai rien com­pris, soit le jour­na­liste n'a rien com­pris.
    Arrê­tez de prendre vos lec­teurs pour des imbé­ciles qui n'y connaissent rien !

    1. Le seul et unique cri­tère, c'est la qua­li­té du tra­vail four­ni, quelle que soit la for­ma­tion que les jour­na­listes ont au départ.
      Et les meilleurs jour­na­listes scien­ti­fiques ne sont pas tou­jours ceux qui ont une for­ma­tion scien­ti­fique.
      Reste que les condi­tions d'exercice du métier sont de plus en plus dif­fi­ciles : les jour­naux ne laissent plus aux jour­na­listes le temps d'enquêter. D'où ces "ratés". Une bonne infor­ma­tion, ça prend du temps, donc ça coûte cher. Or, plus per­sonne ne veut payer aujourd'hui pour être infor­mé, les jour­naux ne se vendent plus.

  5. Je viens de lire dans les grandes lignes les articles de France 3 et du Monde, et si celui de France 3 est plu­tôt impré­cis et glo­ba­le­ment erro­né, celui du monde est un tis­su d'âneries dès son titre. La méthode mise au point par Auré­lien (quel beau pré­nom) Ban­caud et son équipe (qui ne sont d'ailleurs jamais men­tion­nés, à moins que ce cher Auré­lien ne tra­vaille seul ?) est ame­née non pas à rem­pla­cer le séquen­çage mais bien les migra­tion sur gel que l'on fait comme diag­nos­tique au cours de la pré­pa­ra­tion de l'ADN que l'on a à séquen­cer. Donc déjà, sur le fond, leurs articles sont mer­diques. De plus, ils ne nous parlent pas du tout de coût de la méthode, qui va devoir faire fort pour rem­pla­cer les élec­tro­pho­rèses, qui se font avec du maté­riel très bon mar­ché.
    Ce qui moi me choque quand je vois ce genre de bouse infâme, c'est qu'ils ne citent aucune source. Cette pra­tique, inté­grée dans la publi­ca­tion scien­ti­fique, et en géné­ral chez les scien­ti­fiques qui font de la vul­ga­ri­sa­tion (aus­si bien dans les articles de Marc ou de Pierre que dans mes vidéos, d'ailleurs mer­ci de la cita­tion les copains 😉 ) per­met et force d'ailleurs le rédac­teur à prou­ver ses dires et ne pas avan­cer des conne­ries plus grosses que lui.
    Bref, si j'avais un seul conseil à don­ner aux rédac­tions grand public, il serait le sui­vant : ren­dez les cita­tions de sources obli­ga­toires.
    Bon, et un deuxième conseil sur la route : embau­chez un re-lec­teur scien­ti­fique qui a un réel bagage scien­ti­fique.

  6. Bon­jour,
    C'est très à la mode de taper sur les jour­na­listes, scien­ti­fiques, mais en l'occurrence, dres­ser un pro­cès à par­tir de cet exemple d'une dépêche AFP rema­niée (ou pas du tout) par un sta­giaire pour meu­bler un site d'actu, ça me semble un peu rapide.
    Beau­coup de cher­cheurs fan­tasment sur le métier de jour­na­liste scien­ti­fique en se disant qu'ils feraient bien mieux puisqu'ils connaissent le sujet — et plus le sec­teur de la recherche connaît des dif­fi­cul­tés plus vous êtes nom­breux à pen­ser vous recy­cler dans le jour­na­lisme, ce qui doit vou­loir dire tout de même que ce n'est pas si mal que ça… Mais être jour­na­liste, c'est pré­ci­sé­ment apprendre à par­ler de sujets que l'on ne connaît pas. J'aimerais assez voir des bio­in­for­ma­ti­ciens — au hasard — se mettre là, dans l'urgence, à vul­ga­ri­ser un petit sujet d'astro, et puis demain une décou­verte archéo­lo­gique, et puis juste après ce sujet de san­té publique polé­mique… tout ça pour gagner encore moins d'argent que dans la recherche soit dit en pas­sant. Non, vrai­ment, allez‑y, on en repar­le­ra ensuite. Main­te­nant, si vous vou­lez débattre de la qua­li­té de la presse, de tel ou tel titre, ou encore du bou­lot des agences (c'est ici le sujet), pour­quoi pas, mais fran­che­ment ques­tion­ner la com­pé­tence des jour­na­listes scien­ti­fiques et leur for­ma­tion, c'est un réflexe assez éner­vant et déma­go.
    Par ailleurs, tout le monde peut se plan­ter. Par exemple, je ne sais pas où vous êtes aller cher­cher que Pierre Bar­thé­lé­my était scien­ti­fique…
    PS : je ne suis plus jour­na­liste scien­ti­fique

    1. Oui effec­ti­ve­ment, nous nous sommes trom­pés sur Pierre Bar­thé­lé­my… Ça arrive…

      Nous reven­di­quons le droit de taper sur les jour­na­listes. Avoir un métier dif­fi­cile ne jus­ti­fie aucu­ne­ment qu'il soit mal fait. Nous sommes bien évi­dem­ment au cou­rant que jour­na­liste scien­ti­fique est un métier dif­fi­cile. Mais, jus­te­ment, par­lant de sciences, les jour­na­listes scien­ti­fiques devraient se tenir à la rigueur scien­ti­fique.

      En tant que bio­in­for­ma­ti­ciens, je ne traite pas dans l'urgence de sujet que je ne connais pas. Et sinon je me ren­seigne. Je croise mes sources (ah et je les donne, mais je sais le secret des sources tout ça tout ça). Et j'essaie de ne pas dire trop de bêtises. Et quand j'en dit, car ça arrive à tout le monde, je le recon­nais au lieu de râler que c'est facile de taper sur…

      1. A mon avis il est par­ti­cu­liè­re­ment urgent d'avoir un débat, non pas sur les corps de métiers, mais sur la per­cep­tion réelle de leur pro­duc­tions et du cadre dans les­quelles elles se retrouvent dif­fu­sées (notam­ment la ques­tion de la presse en géné­ral, du sys­tème des agences de presse et des dépêches, etc.)
        Par contre, avec mon peu de recul, je constate que face à une erreur, le réflexe n'a pas été de modi­fier immé­dia­te­ment le billet de blog, mais de répondre avec un com­men­taire un peu cin­glant.
        Comme quoi, fina­le­ment, ce n'est pas cer­tain que les scien­ti­fiques soient, en soi, plus qua­li­fiés pour gérer ce genre de situa­tion (et c'est bien nor­mal) et du coup je trouve absurde d'envisager qu'ils feraient un tra­vail meilleur que les jour­na­listes pour vul­ga­ri­ser la science.
        Ce qui fonc­tionne, c'est sur­tout la méthode scien­ti­fique et le concept de relec­ture par peer-review.
        En somme ce ne sont pas néces­sai­re­ment les scien­ti­fiques qui portent la garan­tie d'une rigueur, mais plu­tôt la méthode qu'ils appliquent, en com­mu­nau­té, qui peut garan­tir d'une cer­taine rigueur et qua­li­té des pro­duc­tions.

        1. Yoann M.

          Bon­jour Tau­po,

          Mer­ci pour votre com­men­taire et pour votre par­ti­ci­pa­tion à ce débat.

          Tout a fait d'accord avec votre pre­mière phrase.

          Pour le reste, le billet n'a pas été modi­fié car comme je l'ai dis plus bas en réponse à Laurent, pour moi ce n'est pas une erreur. J'assume le par­ti pris de dire que Pierre Bar­thé­lé­my est ET un jour­na­liste ET un scien­ti­fique.

          Ce qui est sûr en effet c'est qu'on a tous un peu (ou beau­coup) à apprendre de cha­cun 🙂

          Tout à fait d'accord éga­le­ment pour votre remarque sur la méthode scien­ti­fique, le peer-review (que l'on pra­tique depuis le début sur le blog avant toute publi­ca­tion).

          En gros, quelqu'un avec la rigueur scien­ti­fique et la plume jour­na­lis­tique se doit de deve­nir jour­na­liste-scien­ti­fique, d'enseigner son savoir et de dif­fu­ser celui des autres à la plus grande par­tie de la popu­la­tion pos­sible ! Mais c'est aus­si à la popu­la­tion d'être deman­deuse de ce genre d'articles, et là, c'est mal­heu­reu­se­ment une autre his­toire…

          1. Je me suis peut être effec­ti­ve­ment un peu pré­ci­pi­té dans ma réponse.
            Je n'ai pas modi­fié l'article, car un article publié n'est modi­fiable que par un admi­nis­tra­teur du site et n'ai donc pas les droits pour le faire. Après je suis d'accord avec l'argument de Yoann.

            Par contre je ne suis pas d'accord avec l'idée que les gens ne soit pas deman­deurs. Je pense qu'au contraire le grand public est très deman­deur de science. On le voit avec le suc­cès des you­tu­beurs scien­ti­fiques et des dif­fé­rents sites, de plus en plus nom­breux, de vul­ga­ri­sa­tion scien­ti­fique. On le voit aus­si lors de la fête de la science où un public très large se déplace pour en apprendre un peu sur ce que nous fai­sons au quo­ti­dien ou lors d'annonces de grandes décou­vertes scien­ti­fiques.
            Et je pense que nous nous devons, nous scien­ti­fique, mais aus­si toute per­sonne par­lant de sciences (ce qui inclut donc les jour­na­listes scien­ti­fiques), d'essayer de racon­ter le moins de bêtises pos­sibles.

    2. Yoann M.

      Bon­jour Laurent,

      Mer­ci de vous joindre au débat.

      Tout d'abord je tiens à pré­ci­ser que je ne pense pas (à titre per­son­nel) avoir déve­lop­pé un quel­conque fan­tasme sur le métier de jour­na­liste scien­ti­fique.

      Pour le cas pris en exemple ici, il s'agit juste de mul­tiples cas de "repom­pages" de "l'erreur" d'une per­sonne. On peut faire l'analogie avec l'école si vous vou­lez : il arrive qu'un pro­fes­seur, bien que pro­fes­seur, puisse se trom­per et qu'un ou plu­sieurs de ses élèves le lui signale afin de ne pas induire la tota­li­té du groupe en erreur. C'est une volon­té de ne pas tom­ber dans le médiocre. On aurait pu aus­si se taire, ne rien dire et lais­ser pas­ser d'un air bla­sé tout en se disant que de toute façon "ça ne ser­vait à rien" ou "que ce n'est pas ça qui allait faire chan­ger les choses". On aurait pu. Mais en fait…non, nous avons choi­si de le signa­ler et de per­mettre aux jour­na­listes, aux scien­ti­fiques et même aux jour­na­listes scien­ti­fiques d'en débattre.

      Pour ce qui est des dif­fi­cul­tés du sec­teur de la Recherche, certes c'est un fait mais il ne faut pas s'arrêter à ça ou alors vous ne tien­drez pas un an dans votre labo. Et puis bon, entre nous, il n'y a pas que la Recherche qui souffre actuel­le­ment, si ça peut aider cer­tains à rela­ti­vi­ser. La Science, c'est avant tout une pas­sion. Si vous faites ça sans la petite flamme… c'est dom­mage.

      Enfin, pour en reve­nir au jour­na­lisme, il y a un mot qui me gène dans vos pro­pos : "dans l'urgence". C'est donc un tra­vail qui est néces­sai­re­ment fait à la va vite ? La course au buzz ? Si c'est ça, autant mettre une pho­to d'un homme ou d'une femme au phy­sique rava­geur un poil dévêtu(e), vous aurez je pense à peu près le même nombre de clics, voire + en un bien meilleur temps…

      Blague à part, l'éthique et la cré­di­bi­li­té sont des valeurs qui me sont chères et je me plais à pen­ser que je ne suis pas seul dans ce cas.

      L'idée ici n'était pas de lapi­der les jour­na­listes dans l'erreur en place publique, mais plus de pro­vo­quer ce débat et, je le répète, de ten­ter de faire avan­cer les choses. Mer­ci encore d'ailleurs de par­ti­ci­per à ça.

      Pour finir avec Pierre Bar­thé­lé­my, la phrase le men­tion­nant dans l'article est de moi. J'avoue volon­tiers qu'elle doit sans doute être mal tour­née (je ne suis pas jour­na­liste :D) mais je m'en explique : pour moi un jour­na­liste-scien­ti­fique a, tout comme un bio­in­for­ma­ti­cien en fait, le cul entre deux chaises. Il n'est ni com­plé­te­ment jour­na­liste aux yeux de ses confrères jour­na­listes, ni scien­ti­fique aux yeux de ceux-ci. Eh bien pour moi, c'est tout l'inverse : il est sur­tout les deux. Donc je le redis, pour moi Pierre est un scien­ti­fique. Mais aus­si un jour­na­liste. Vous ne pour­rez mal­heu­reu­se­ment pas me dire le contraire sous pré­texte qu'il ne mani­pule pas du maté­riel scien­ti­fique ou qu'il ne publie pas dans les grands jour­naux de sciences.

      1. Non, un jour­na­liste scien­ti­fique n'est pas jour­na­liste et scien­ti­fique. Il est jour­na­liste, point barre, et il se trouve qu'il traite de science.
        S'il se consi­dère comme scien­ti­fique, il perd l'objectivité néces­saire pour par­ler d'un sujet, il perd l'esprit cri­tique sur la science, indis­pen­sable pour exer­cer ce métier.
        Cela dit, les com­pé­tences requises pour être scien­ti­fique et pour être jour­na­liste sont en gros les mêmes : curio­si­té et rigueur, aux­quels on peut ajou­ter per­sé­vé­rance.

        1. Je suis d'accord avec Cécile.

          (bien comme com­men­taire, non ?)

  7. Il me semble que cet article sur une nou­velle méthode pose en grande par­tie le pro­blème du manque de réac­ti­vi­té des médias par rap­port aux pro­blèmes mis en avant sur les médias sociaux. On voit d'ailleurs des pro­blèmes simi­laires en publi­ca­tion scien­ti­fique stric­to sen­su (peer-revie­wed et tout ça), bien que ça com­mence à chan­ger.

    Ici, on a une dépêche très erro­née mise en ligne par plu­sieurs jour­naux. Admet­tons, les jour­na­listes de chaque jour­nal n'ont pas le temps ni la voca­tion de véri­fier la qua­li­té de chaque dépêche. C'est plus pro­blé­ma­tique au niveau de l'AFP.

    Mais ensuite, les pro­blèmes ont été signa­lés rapi­de­ment, et on n'a eu aucun retour de, par exemple, @LeMonde_Sciences inter­pel­lé sur Twit­ter. Les torts sont par­ta­gés : j'ai contac­té la socié­té fran­çaise de chi­mie, qui a don­né le prix dont il est ques­tion, et ils n'avaient l'air au cou­rant de rien (ni les articles, ni les réac­tions). Ils m'ont pro­mis de suivre.

    Au final, il me semble quand même que les réac­tions très fortes de ce billet et cer­tains com­men­taires déservent l'objectif d'une meilleure com­mu­ni­ca­tion scien­ti­fique, en bra­quant scien­ti­fiques contre jour­na­listes. Regar­dons à nou­veau ce qui marche aux Etats-Unis, avec des jour­na­listes comme Ed Young et Carl Zim­mer qui dis­cutent sur les réseaux sociaux avec les scien­ti­fiques. C'est vers cela qu'il faut tendre, et pour cela être construc­tifs à mon (humble ? pas sur) avis.

    1. Vous avez rai­son sur le fond. Avec Inter­net, on doit pou­voir cor­ri­ger et répondre rapi­de­ment.
      Mais pour défendre Le Monde Sciences, en ce moment, ils sont à fond sur les ondes gra­vi­ta­tion­nelles, qui est LA très grande nou­velle en sciences de l'année. Ils ont sor­ti deux pages de grande qua­li­té en un temps record, ils ne peuvent pas être par­tout en même temps.

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