
Git est un logiciel de contrôle de versions de fichiers. Il est distribué sous licence GNU GPLv2 et est disponible sur les principaux systèmes d'exploitation.
Dans l'article précédent, nous avions vu comment installer et configurer git, comment créer un dépôt pour un projet, ainsi que les principes de base de gestion de versions.
Dans cet article, nous verrons comment cloner un projet (par exemple pour travailler à plusieurs ou pour faire des sauvegardes), comment synchroniser les différentes copies tout en détectant et résolvant les problèmes éventuels, et comment créer des branches et indiquer les étapes qui correspondent à des versions.
Cloner un projet (par ex. pour travailler à plusieurs ou pour sauvegarder)… et synchroniser les différentes copies
git clone pour dupliquer un dépôt
git pull pour maintenir à jour une copie locale d'un dépôt de référence
Nous allons commencer par une configuration simple où
est le dépôt de référence d'un projet où se font toutes les modifications, et vous souhaitez uniquement maintenir à jour votre copie locale
sans que vous y apportiez la moindre modification.
Maintenant que le dépôt d'origine
a été cloné, nous allons commencer par y faire des modifications puis un nouveau
.
Maintenant, un "
" dans
montre que celui-ci est à jour (par rapport à lui-même), mais que les modifications que nous venons de faire dans
n'ont pas été reportées dans
.
Pour synchroniser son dépôt avec celui que nous avions cloné (ou un autre), il faut faire un appel explicite à "
". Ce dernier ne se fait pas automatiquement (heureusement, imaginez un peu la pagaille). Ci-dessous, la ligne 19 lorsque l'on regarde le contenu du fichier
après le "
" montre que la modification que nous avions faite dans
a bien été répercutée dans
.
Remarquez que dans
, nous faisons simplement "
" sans lui dire explicitement qu'il faut aller chercher dans
. En fait, le "
", git a bien indiqué dans
que ce dernier avait été généré à partir de
en le désignant comme "origin" (comparez donc les fichiers
et
). Consultez la documentation sur les dépôts distants pour plus de précisions.
Pour récapituler :
- Le dépôt de référence fait donc un cycle classique :
- modifications,
-
-
- Le dépôt clone se maintient à jour en faisant "
git push pour propager sur le dépôt d'origine les modifications que vous avez faites en local
Alors que dans la section précédente les modifications se faisaient toujours dans le même sens, nous allons maintenant voir que git vous permet de propager sur le dépôt d'origine des modifications que vous avez faites sur son clone. Puisque les modifications se font en sens inverse de celles du "
", il faut évidemment utiliser "
" depuis
. Afin d'éviter les conflits potentiels lorsque plusieurs utilisateurs font des modifications sur leur clone, nous allons créer une branche spécifique dans laquelle nous allons faire nos modifications, puis nous allons envoyer cette branche dans
avec un "
", et enfin fusionner cette branche avec la branche en cours de
avec un "
". La section suivante revient plus en détail sur les branches.
Dans l'exemple suivant, nous nous plaçons dans
, nous créons une nouvelle branche
(ligne 6) dans laquelle nous faisons des modifications sur le fichier
(lignes 8 à 10). Remarquez que lors du "
" lignes 11 puis 14, ces opérations se font sur la nouvelle branche
. Enfin, lors du "
" les lignes 22 et 23 montrent que la nouvelle branche est transmise à
.
$ cd ../repoA $ git status On branch master nothing to commit, working directory clean $ cat firstFile.txt This is the first line of my first file... ... and this is the second line Now we add another line Adding a fourth line Adding a fifth line modification from repoA $ git checkout myBranchFromB Switched to branch 'myBranchFromB' $ git status On branch myBranchFromB nothing to commit, working directory clean $ cat firstFile.txt This is the first line of my first file... ... and this is the second line Now we add another line Adding a fourth line Adding a fifth line modification from repoA modifications from repoB $ git checkout master Switched to branch 'master' $ git merge myBranchFromB Updating 842cc68..09805d8 Fast-forward firstFile.txt | 1 + 1 file changed, 1 insertion(+) $ cat firstFile.txt This is the first line of my first file... ... and this is the second line Now we add another line Adding a fourth line Adding a fifth line modification from repoA modifications from repoB[/crayon]À ce point, nous avons effectué des modifications dans la branche
de
, envoyé cette branche dans
et nous l'y avons fusionné avec la branche principale (appelée
) de
. Néanmoins, la branche
de
n'a pas encore été mise à jour. Il nous faut donc enfin faire un "
" depuis
.
[/crayon]Pour récapituler :
- depuis le dépôt clone
- n'oubliez pas de commencer par un "
- créez une nouvelle branche avec
- faites un ou plusieurs cycles classiques
- modifications,
-
-
- faites un "
- n'oubliez pas de commencer par un "
- depuis le dépôt origine
- assurez-vous d'être sur la bonne branche (par exemple
- faites un "
- résolvez les conflits éventuels (cf. section suivante)
- faites un "
- assurez-vous d'être sur la bonne branche (par exemple
- depuis le dépôt clone
- repassez dans la bonne branche (par exemple
- faites un "
- faites un "
- repassez dans la bonne branche (par exemple
Détection et résolution de conflits en cas de modifications concurrentes sur deux instances
Évidemment, la situation que nous venons de voir peut se révéler problématique si pendant que vous êtes occupé à faire vos modifications entre votre "
" et votre "
" quelqu'un fait d'autres modifications sur le dépôt d'origine (ou fait un autre "
" avant le vôtre).
Une fois de plus, git est là pour vous sauver la vie :
- si les modifications concurrentes portent sur des fichiers différents ou même des endroits différents d'un même fichier, git se débrouille pour tout intégrer (alors qu'avec de simples copies de fichiers, les modifications du dernier écraseraient les modifications antérieures)
- si les modifications concurrentes portent sur les mêmes endroits dans un fichier,
- git vous signale qu'il y a un conflit (et vous dit où)
- git vous prépare la zone en délimitant les deux modifications concurrentes
- git vous laisse gérer la résolution
Là encore, notez bien l'intérêt de ne travailler sur des changements les plus petits possibles. Il est bien plus facile de fusionner deux branches ayant peu de modifications que deux branches ayant fortement divergé et comportant des différences aux mêmes endroits.
À ce point, nous avons ajouté une ligne dans le fichier
dans
et une autre ligne au même endroit du fichier
dans
. Nous procèdons ensuite comme à la section précédente pour envoyer sur
la branche
de
.
Il ne reste plus qu'à fusionner la branche
avec la branche principale de
(et les ennuis commencent).
Lors du "
", git détecte bien le conflit (ligne 4) et nous dit dans quel fichier cela s'est produit. Dans le fichier, git a ajouté les deux portions qui posent problème en les délimitant par des lignes de chevrons et en les séparant par une ligne de '=' (lignes 15 à 19). C'est alors à l'utilisateur d'éditer la zone à la main et de supprimer les délimitations.
Enfin, il ne reste plus qu'à mettre à jour
.
Créer des branches et des versions
Intérêt des branches
Dans la section sur "
", nous avons eu un premier aperçu de la notion de branche. En fait, git permet de créer autant de branches que nous en avons besoin. La documentation de git comporte des explications très claires sur la notion de branche qui en plus abordent des points un peu plus techniques comme la notion de HEAD.
Les branches sont au cœur d'organisation des projets avec git. Un exemple d'usage est le marquage de version. Les tags, que nous verrons plus loin, c'est cool, mais si vous passez en version majeure suivante (donc, brisure de compatibilité), il faut aussi penser à ceux qui ne suivront pas l'update et resteront à la version «ancienne», et qui voudront des corrections de bugs et même des mises à jour. Un exemple parlant est python : il y a deux versions qui cohabitent, et même si l'une est destinée à mourir bientôt, elle est encore développée et enrichie. Même si la réalité est plus complexe, nous pouvons imaginer qu'un repo git de Python serait composé de deux branches principales, «Python2» et «Python3», qui permettent au deux versions de cohabiter et d'évoluer indépendamment. Il y en aurais bien d'autres (une pour chaque fonctionnalité en cours de développement), mais ces deux là seraient les «master».
Un vrai exemple du monde de la vérité vraie : la SFML, une librairie graphique initiée et maintenue par un français (cocorico), et qui initialement était au C++ ce que la SDL est au C. Les branches sont ici utilisées pour les différents portage de la librairies sur différents langages, et github permet de les visualiser joliment. Nous voyons également très bien toutes les branches dont le nom commence par «bugfix», qui sont en fait créées uniquement pour résoudre un des problèmes identifiés par le mécanismes de gestion de problèmes, qui ne sera pas abordé ici, car cela n'a rien à voir avec git (pas directement). Nous trouvons également les branches ayant pour nom «2.3.x» par exemple, et nous pouvons constater que de nombreuses personnes crééent leur propre branche (ça s'appelle un «fork», et c'est une notion à la base du développement de logiciel libre) pour développer une fonctionnalité ou corriger un bug, puis effectuent un merge de leur branche avec la branche principale (via les pull requests, où une personne demande à ce qu'une de ses branches soit mergée avec une branche d'un autre repo qui ne lui appartient pas).
En général, un dépôt git est composé d'au moins deux branches, souvent nommées master et dev. Master est la branche dite principale, où le code est stable. Autrement dit, lorsque vous récupérez les fichiers de la branche master d'un projet, vous devriez avoir le code le plus fonctionnel possible. (c'est souvent la release qui est stockée en master)
La branche dev, quant à elle, est une branche où le code est en développement. C'est à partir de celle-ci que se créent des branches telles que «bugfix53» qui va implémenter la correction du bug numéro 53. Lorsque la branche dev est stable et pleine de nouvelles fonctionnalités, elle est mergée avec master, qui est alors passé à la version suivante. (et il est possible de placer des tags sur les derniers commits pour montrer où en est la version)
Quand le projet devient plus gros, ou, mieux, qu'une nouvelle version importante va sortir, c'est une bonne idée de créer un fork de master nommé selon la version (par exemple «4.x», ou «5.3.x»). Dés lors, comme la branche dev continue de merger avec le master, les fonctionnalités n'ayant pas été ajoutées avant devront attendre la prochaine version du logiciel (et donc la prochaine branche) pour être utilisées. Avec ce système, il est possible de se passer de la branche dev et créer les nouvelles fonctionnalités directement en forkant le master.
Autre exemple : sur le repo de Julia, nous observons plus de 183 branches et 192 pull requests. Chaque branche est créée par un contributeur avec un nom adapté au problème auquel cette branche va répondre, et lorsque c'est terminé, la branche sera «mergée» à la branche principale.
Souvent, il y a un peu de discussion pour que le code ajouté soit parfait, juste, en accord avec le projet, n'introduise pas de conflit, ou pour avoir des messages de commit de meilleure qualité.
Certaines personnes attendent de leurs contributeurs qu'ils suivent une ligne de conduite parfois assez stricte. Cela peut sembler tyrannique, mais c'est comme obliger un style de code dans un projet à plusieurs : sans uniformisation, le code est d'autant plus dur à lire et hétérogène dans sa construction, alors autant se forcer à écrire les choses de la même façon dés le début.
Le scénario suivant est fortement inspiré de la documentation et vous donne l'idée générale :
- vous faites une branche pour ajouter une nouvelle fonctionnalité
- en plein milieu on vous demande de corriger un bug en urgence
- vous ne le faites pas dans votre nouvelle branche car le code n'est pas encore fonctionnel
- vous ne le faites pas non plus dans la branche principale car celle-ci ne doit pas être utilisée comme branche de développement
- vous créez une seconde branche depuis la branche principale pour corriger le bug
- vous fusionnez cette seconde branche avec la branche principale une fois la correction terminée
- vous terminez votre ajout de fonctionnalité sur la première branche
- vous fusionnez votre première branche avec la (nouvelle) branche principale en réglant les conflits éventuels
Commandes utiles pour manipuler les branches
La commande "
" permet de lister les branches existantes. Elle a notamment deux filtres :
- "
- "
La commande "
" permet de passer sur la branche nomDeLaBranche (qui doit déjà exister), et qui devient alors la branche courante.
La commande "
" permet de créer une nouvelle branche. La branche ainsi créé est identique à la branche courante : elle contient le même historique et les même commits, mais une modification sur l'une n’impactera pas l'autre. La commande "
" a exactement le même effet, mais "switche" sur celle-ci juste après : la branche courante devient nomDeLaBranche. Nous pouvons donc en déduire l'équation suivante : "
" + "
" = "
".
La commande "
" permet de détruire une branche. Si la branche n'a pas été totalement mergée, aucune action ne sera opérée, et git expliquera la marche à suivre pour résoudre le problème ; en général cela arrive quand vous essayez de détruire une branche que vous n'avez pas mergée. Détruire malgré tout la branche (avec l'option -D, comme l'expliquera git) supprimera DÉFINITIVEMENT les modifications n'ayant pas été rapatriées sur une autre branche. Ce cas de figure arrive typiquement lorsque vous développez une correction de bug sur une branche dédiée, et que le bug est corrigé par quelqu'un d'autre : votre branche est inutile, elle peut donc être détruite.
Enfin, la commande "
" permet de fusionner la branche nomDeLaBranche avec la branche courante, en détectant éventuellement les conflits. La branche cible (nomDeLaBranche) ne sera pas modifiée lors de cette opération.
Utiliser des tags pour indiquer les versions
Nous avons vu que
donne l'historique de tous les
. Nous avons aussi lourdement insisté sur les avantages de faire de nombreux
atomiques plutôt qu'un gros commit chaque fois que vous produisez une nouvelle version stable. On comprend donc bien que repérer parmi cette longue liste le
qui correspond à la version 5.2 de votre projet ne va pas être facile, d'autant plus que le message associé à chaque commit décrit ce qui a changé, et pas forcément le fait que ce commit constitue une étape importante pour le projet.
En plus du message de description, vous pouvez associer un tag à un
. En fait git supporte deux types de tag:
- un tag léger (lightweight tag) est simplement une association entre une chaîne de caractères (le tag) et un commit ;
- un tag annoté (annotated tag) est un objet qui contient la chaîne de caractères ainsi que la date, l'identité de l'auteur, etc. Il peut éventuellement être signé.
On utilise principalement les tags légers pour la maintenance, les besoins temporaires et les affaires internes, et les tags annotés pour les annotations importantes.
La commande
renvoie la liste de tous les tags d'un projet, triés par ordre alphabétique.
La commande
renvoie les informations du tag et une description du commit associé.
La commande
détruit le tag
.
Créer un tag léger
La commande "
" permet de créer un tag léger. Le tag est alors associé au dernier
.
La commande
permet d'associer un tag léger à un
antérieur. La commande
(mais c'est assez verbeux), ou mieux
est alors bien pratique pour retrouver la valeur de checksum de chaque commit en faisant
.
Créer un tag annoté
la commande
permet de créer un tag annoté. Là encore, cela associe le tag annoté au dernier
, et il suffit de préciser le checksum si on veut associer le tag à un
antérieur.
Dans l'exemple ci-dessous, nous associons le tag annoté
au dernier
, et le tag
au
concernant le fichier
, juste avant la partie sur la résolution de conflits. Remarquez que le tag léger
et le tag annoté
sont associés au même commit, et que les commandes
respectives montrent les informations supplémentaires associées au tag annoté.
Les forges logicielles
Sous ce nom barbare débordant de sens complexes et pointus se cachent des sites que beaucoup de monde utilise parfois sans le remarquer. L'un des exemples les plus connus est sourceforge, qui est utilisée par beaucoup de logiciels pour y être… forgés.
Le principe d'une forge logicielle est de permettre à un (groupe d')utilisateur(s) ou une association de travailler collaborativement sur un projet, avec une uniformisation des outils de gestion. Et dans gestion, il y a gestion de versions, dont parle cet article, mais pas que. Une forge logicielle propose en général un wiki intégré, un système de tickets, voire des logiciels de gestion de projet pour générer des diagrammes de gantt, de l'UML,… En d'autres termes, la forge logicielle est le terrain de jeu de la science du génie logiciel, et en utiliser les bases ne peut qu'être utile et efficace.
Par exemple, dans le dépôt sourceforge de Potassco, on trouve les fichiers dans un dépôt svn (un autre gestionnaire de versions), deux mailing lists, un système de tickets pour remonter les bugs et proposer des modifications (de futures branches, pour enrichir de futures versions !), un wiki, …
Dans ce tuto, nous avons beaucoup vu de liens vers une des plus fameuses forges : github. Bien qu'elle ne soit en elle-même pas libre (son code source n'est pas distribué ni sous licence libre), c'est une des plateformes principales de l'univers du libre. Elle propose, gratuitement pour les projets open-source, payant sinon, un espace de stockage illimité pour les projets, un unique gestionnaire de versions (git !) avec une interface graphique dédiée à la visualisation des dépôts et pull requests, un système de wiki, de gestion de problèmes,…
Il est à noter qu'au moment où ces lignes sont écrites, deux forges logicielles ont disparu en peu de temps : google code et gitorious ont été respectivement fermée et rachetée, car trop forte concurrence ou absorption par un autre projet de forge. Une autre, et pas des moindres, sourceforge, commence sérieusement à inquiéter de par son comportement que d'aucun diront amoral, au point que de nombreux projets, suite aux déboires du projet The Gimp, migrent vers d'autres forges (ce dernier lien montre au passage une bonne quantité de forges, avec les gestionnaires de versions supportés par chacune)
Les forges logicielles forment un sujet suffisamment vaste pour être traité dans un article dédié. En général, regarder les offres et fonctionnalités de chacune d'entre elles suffit à se faire une idée. Parmi les autres alternatives :
- gitlab, une solution efficace pour l'auto-hébergement, ou comme solide alternative à github.
- framagit, tenu par l'association Framasoft et basée sur gitlab. Le nombre de dépôts est limité, mais c'est une asso française et, pour le coup, des plus libristes qui soient !
- bitbucket, qui propose notamment une offre gratuite pour les petits dépôts privés.
- gogs, versé dans l'auto-hébergement (merci Pierre Marijon).
- gitchain, un nouveau projet orienté pure décentralisation, ce qui parait important, dans ce monde où l'on a trop tendance à faire confiance au «cloud».
- redmine, une forge très complète, utilisée dans le domaine du génie logiciel.
- SourceSup, la forge de Renater.
Choisir une forge n'est pas une décision primordiale : vous arriverez certainement à travailler sur plusieurs projets, tous hébergés dans une forge différente. Il peut également arriver qu'un projet change de forge ; d'abord parce que rien ne l'interdit, mais aussi parce que parfois, comme pour sourceforge, la philosophie d'une forge est remise en question et que les créateurs d'un projet préfèrent rejoindre une forge plus en adéquation avec leurs besoins. Pour passer d'une forge à l'autre, quelques commandes suffisent souvent.
Sachez qu'avec tout ce que vous savez de git, il ne vous est pas difficile de créer un compte sur gitlab ou framagit, et de vous lancer ! Les seules commandes qui changeront seront les premiers appels à git clone, git push et git pull. Il faudra donner des URL ou des arguments particuliers, qu'en général la forge vous donne directement pour vous faire gagner du temps.
Aujourd'hui, il est rare qu'un projet n'ait pas une visibilité sur une ou plusieurs forges logicielles. Les implémentations de langages, par exemple, sont très visibles par ce biais, ainsi que le noyau linux ou galaxy.
Au niveau de l'enseignement en informatique, certains professeurs observent les statistiques offertes par la forge pour juger rapidement du partage des tâches et de la régularité de travail des membres d'une équipe ; par exemple, github se prête assez bien à ce jeu car fournissant une grande quantité de graphiques colorés et rigolos.
Tuner son git
C'est comme le permis de conduire : maintenant que nous avons fait plein de théorie et de bla bla sur les bonnes pratiques, nous allons rentrer dans le dur du sujet : le tuning ! (rien à voir avec Turing)
Les jantes
Je suis certain que beaucoup d'entre vous trouvent extrêmement long les commandes de git, telles que git commit, avec 10 touches à frapper sans compter «enter», ou git pull, qui donne l'impression de ne fonctionner qu'en hiver. Eh bien, c'est comme le bashrc pour remplacer «ls» par «l» et «cd ..» par «c.» : nous allons faire du tuning !
À ce stade de l'article, vous devriez avoir un fichier ~/.gitconfig. Sinon, créez-le et demandez-vous si vous n'avez pas sauté la première partie. C'est ce fichier que nous allons modifier sauvagement :
Ça c'est du tuning ! Les trois premières lignes devraient déjà exister, et d'autres aussi éventuellement (certaines ont été retirées dans l'exemple, car ce fichier contient généralement des valeurs privées pour authentification auprès de forges). Si elle n'existe pas déjà, créez la section [alias] et mettez-y des alias cools et musclés pour vous simplifier la vie. Des plus utiles au moins utiles (d'après l'auteur) :
- ceux qui font économiser deux touches : «a», «df», «ps», «pl», voire 4 pour «ci», «br» et «co»
- ceux qui évitent d'oublier des caractères éloignés sur le clavier : «cim», «cia», «ap», «dfs»
- ceux qui permettent d'être efficace avec les stashs : «s*» (voir les liens plus bas)
- ceux qui font éviter des options zarbi : «lol», «who»
- ceux qu'on n'utilise jamais : «yolo», «who», «diffstat» (trop longue à taper…)
Voilà ! Libre à vous de recopier ces lignes, d'en enlever, d'en ajouter,… Bref, de les adapter à votre usage. Toutes ne sont pas utiles, mais elles donnent des idées et des pistes pour ceux qui veulent booster un peu leur productivité.
En prime, voilà quelques alias à mettre dans son bashrc/zshrc, qui se couplent assez bien avec le gitconfig :
La carrosserie
Moulte chemins mènent à l'épanouissement de git dans votre outils de travail : si par chance vous n'utilisez pas d'interface graphique autre que celle de votre (émulateur de) terminal, il existe de nombreux modules, packages, layouts, hack propres et moins propres qui permettent à git. d'être un poil plus visuel, coloré ou rigolo.
De plus, de nombreux éditeurs de textes et IDE proposent des facilités d'usage de git. Entre autres :
- vim propose trois modules d'intérêt (il y en a beaucoup d'autres) qui permettent de jouer avec git simplement : le puissant fugitive, l'utile extradite et l'informatif gitgutter,
- bash et zsh peuvent être tunés avec oh my git.
- python possède un module pour intéragir avec git : pygit.
Le mot de la fin
Tuner son git, c'est comme tuner son bashrc : c'est gagner beaucoup de temps en s'amusant, et c'est nécessaire pour faire de son environnement de travail un lieu productif et simple. Cela mériterait un article à part entière, mais ici nous nous contenterons de ce simple énoncé : que ce soit avec les alias ou les gestionnaires de versions, le principe est le même : faites bosser l'ordinateur, surtout pas vous !
Soyez fainéants, et vous vous simplifierez la vie.
Du git dans les Internets
- des commandes utiles pour git dans la vie de tous les jours : via
- tig, une interface en mode texte pour git
- le principe de git stash expliqué avec pédagogie et en français : via
- un petit billet simple et français sur la contribution (fork, pull request) : via
- une explication par bitbucket des contributions [EN] : via
- une question de fond par framasoft sur l'usage des forges comme github, problématique à laquelle répond en partie gitchain : via
- comment contribuer sur github (ça s'applique à toutes les autres forges) : via
- il existe aussi pas mal de tuto vidéo, essentiellement en anglais : via
- stackoverflow propose un tag git, et un tas de réponses à des questions allant du simple au complexe : via (ou ici pour les gestionnaires de versions en général, ou là pour une vision plus abstraite)
- un article court mais intense sur les bases : via
- il existe des centaines de cheatsheet sur internet, certaines interactives : via via via (merci hedjour)
- plus d'info sur sourceforge et ses nouvelles manies [EN] : via (réponse de sourceforge)
- configurer git pour utiliser un éditeur particulier : via
- si vous voulez jouer avec git : via ou découvrir un autre usage des branches : via (merci Yoann M.)
Conclusion
Nous avons vu comment cloner un projet, faire des modifications sur l'un ou l'autre des clones (voire sur les deux) et propager ces modifications en tenant compte de la nature décentralisée de git. Cela illustre trois des intérêts majeurs des gestionnaires de versions : permettre à plusieurs personnes de partager une base commune, la modifier selon leurs besoins tout en en faisant profiter les autres, et enfin de détecter les conflits qui peuvent survenir lors de modifications concurrentes.
Enfin, nous avons rapidement abordé l'aspect communautaire que permettent les gestionnaires de versions. Même si il y avait emphase sur git, c'est la même chose pour l'ensemble des gestionnaires de versions : puisque le partage de code est simple et structuré, il devient aisé de contribuer à un projet sans bouger de son pc. Et avec le principe des forks et des pull requests, vous avez les bases pour vous lancer dans la contribution effrénée et dans les tutoriaux plus avancés : il est bien sûr possible de faire des choses beaucoup plus raffinées. Ces deux articles présentent les principes de base permettant de se sortir de la plupart des situations pas trop tordues. Nous sommes convaincus qu'une utilisation même limitée d'un gestionnaire de versions vaut mieux que pas de gestionnaire de versions du tout.
Remerciements
À propos de cet article
Cet article et le précédent ont étés adaptés à partir d'un cours donné par Lucas Bourneuf.
Il a été rédigé par Lucas Bourneuf et Olivier Dameron.
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