Twitter est un réseau social incontournable. Son principe est simple, il s'agit de s'échanger avec ses "followers", des messages ou "tweets" de 140 charactères maximum. Il est surtout utilisé aux Etats-Unis, mais la fièvre Twitter gagne peu à peu l'Europe. De nombreux scientifiques, chefs de labos, doctorants et même des institutions informent par ce biais. En créant votre compte vous pourrez avoir un accès direct à toutes ces personnes (en tant que suiveur) et vous pourrez leur poser des questions au moyen de messages directs (DM).
La communication scientifique se fait de plus en plus au moyen de blogs ainsi qu’à travers les réseaux sociaux, à tel point que des professeurs d’université, comme Marc Robinson-Rechavi (@marc_rr), proposent aujourd’hui des formations aux nouveaux moyens de communication numériques (blogs et réseaux sociaux). Ils permettent de diffuser les avancées scientifiques, de discuter des questions éthiques, de détecter les fraudes ou les erreurs dans les articles scientifiques, et de combattre la pseudo-science ou le créationnisme.
D’autres chercheurs, comme Marcel Salaté (@marcelsalathe) , utilisent Twitter pour étudier les réactions sur les réseaux sociaux, face aux campagnes de vaccination des populations, par exemple. Cette nouvelle discipline scientifique se nomme l’épidémiologie digitale. Dans une de ses études sur la population américaine, Marcel Salaté montre une corrélation entre le nombre de réactions négatives face aux vaccins sur Twitter et le nombre de malades de la grippe. Résultat : moins les gens sont favorables à la vaccination, plus le nombre de malades lors de l’épidémie annuelle est élevé.
Organiser sa veille sur Twitter
De manière générale, lorsqu’on souhaite se tenir informé des derniers sujets "chauds", il faut utiliser quelques outils, comme ceux présentés dans un article précédent.
Dans un premier temps, il faut créer son compte en remplissant un simple formulaire. Vous pouvez ensuite vous enregistrer (login), puis suivre des personnes ayant les mêmes intérêts que vous. Pour ce faire, le champ de recherche par mot clé ou hashtag (#bioinformatics, par exemple) est à votre disposition. Il est aussi possible de faire des listes de personnes pour avoir différents « fils d’informations » par sujet. La stratégie est de suivre un maximum de profils intéressants pour ne rater aucune information. Vous pouvez aussi “twitter” des messages sur vos sujets préférés en incluant des images, des adresses web etc. Pensez aussi au système de hashtag pour indexer vos tweets à un sujet ou encore inclure un compte que vous suivez comme @BioinfoFr. Le compte sera ainsi informé de votre mention par une notification.
Longue vie au super blog @BioinfoFr ! et vive la #bioinformatique
(je devrais demander une augmentation aux admins :-P)— Jonathan Sobel (@JonathanSobel1) June 16, 2015
Le bot, super-robot au service du programmeur
Un bot est un programme informatique “robot” qui va automatiser certaines tâches. Si vous avez un blog, vous pouvez faire en sorte que toute nouvelle publication que vous ajoutez apparaisse également automatiquement sur Twitter grâce au flux RSS. Plusieurs tutoriels permettent d'apprendre à programmer un bot avec Twitter en R, grâce au package “TwitteR”. Si vous n’aimez pas coder, il existe des applications pour créer un bot avec une interface graphique, comme IFTTT.
Par exemple, ISCB SC RSG Switzerland (@rsg_switzerland) possède un compte qui publie automatiquement les articles de 14 blogs réputés de bioinformatique grâce aux flux RSS et IFTTT. Les bots sont nombreux sur Twitter, en voici une liste assez sympathique. Des comptes qui donnent des astuces en R sont ici : @R_Programming, @Rbloggers, @RLangTip, @TextMining_r. En fouillant un peu, vous en dénicherez rapidement d'autres visant d'autres formes de langage ou sujets.
@BioinfoFR passé au crible
Vous le savez désormais, le petit oiseau bleu est un super moyen de communiquer, de se faire connaître et de suivre ses pairs. Et pour analyser efficacement la quantité gigantesque des informations fournies par les utilisateurs, il est possible de récupérer les tweets par mot-clé ou par utilisateur. Il s'agit ensuite de faire une analyse du type forage de texte (textmining). On peut aller beaucoup plus loin en reconstituant des réseaux d'interactions de comptes (vous pourrez nous raconter vos explorations dans un prochain article!)
Voyons un exemple concret avec le compte Twitter du blog @BioinfoFr. Dans un premier temps, installez le package "TwitteR" sur R. Si vous utilisez d'autres langages, il existe une API twitter.
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install.packages("twitteR") |
Ensuite, procurez-vous vos données personnelles de développeur agréé (api_key, api_secret, access_token, access_token_secret) en suivant ce billet ou la doc de développement de Twitter.
Puis authentifiez-vous avec la commande suivante :
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setup_twitter_oauth(api_key,api_secret,access_token,access_token_secret) |
Récupérez les tweets du compte organisés en "dataframe" avec les commandes suivantes :
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tweets = userTimeline("BioinfoFR", n = 300) tweets.df = twListToDF(tweets) dim(tweets.df) head(tweets.df) |
Dans cette table se trouvent plusieurs informations comme la date du tweet, le texte, le nombre de retweet, le nombre de favoris, la localisation GPS (si elle est active sur le compte), et s'il s'agit d'une réponse à un autre tweet ainsi que la personne à qui elle est adressée.
Pour savoir par exemple quels sont les tweets les plus repris, vous pouvez étudier le nombre de favoris et de retweets.
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plot(jitter(tweets.df$favoriteCount,amount=0.5), jitter(tweets.df$retweetCount,amount=0.5),pch=19,col="darkgreen") |
En ajoutant un peu de bruit dans les données grâce à jitter, il est possible d'observer de plus près ce qui se passe. Ici, le nombre de retweets et de favoris est assez faible. Amis lecteurs, vous êtes peu sur Twitter : créez votre compte !
Pour savoir quels sont les tweets les plus repris et les favoris :
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tweets.df$text[which(tweets.df$favoriteCount==max(tweets.df$favoriteCount))] [1] "La #formation #bioinformatique de @UnivRennes1 en détails aujourd'hui : http://t.co/pmMtazpNDI #master #etudes #bretagne" |
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tweets.df$text[which(tweets.df$retweetCount==max(tweets.df$retweetCount))] [1] "Aujourd'hui sur le blog nous rendons hommage à Frederick Sanger (1918–2013) http://t.co/4M2lTwNfob #RIPSanger" [2] "Le voila le 1er article de la rentrée : RNA-seq, le mode d'emploi ! Bonne lecture : http://t.co/5akK5jj4Az #RNAseq #bioinfofr #rentrée" |
L'on peut aussi s'amuser avec la date des tweets et observer comment leur nombre a évolué depuis le début du compte @BionfoFR.
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daterange=c(as.POSIXlt(min(tweets.df$created)),as.POSIXlt(max(tweets.df$created))) plot(tweets.df$created,rev(1 :length(tweets.df$created)),type="l",xaxt="n",lwd=2,col="blue") axis.POSIXct(1, at=seq(daterange[1], daterange[2], by="month"), format="%b") |
Conclusion : nos admins sont très actifs, surtout en septembre 2014 et en janvier 2015.
Et à qui ont-ils le plus souvent répondu ?
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par(mar=c(5,10,5,2)) |
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barplot(sort(table(tweets.df$replyToSN)),las=2,col="darkred",horiz=T) |
Parmi les noms, quelques habitués de Bioinfo-fr.net !
Conclusion
Twitter est un outil très performant qui peut non seulement vous permettre de vous tenir au courant des dernières nouveautés, mais représente aussi un moyen d'analyse assez pratique. Ce média social remporte un succès mondial, mais reste encore peu utilisé en Suisse (et en France?) dans le monde scientifique. Vous pouvez y passer des heures — attention, c'est très addictif ! D'un autre côté, il peut représenter un formidable atout pour votre futur. Vous pouvez me suivre sur Twitter au compte @JonathanSobel1 , et répondre à la question suivante : que faisaient nos admins chéris en septembre 2014 et janvier 2015 ?
Un grand merci aux relecteurs : Yoann M., MtheG, hedjour et à notre admin de la semaine ZaZo0o.
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