Pourquoi je ne lis pas tous les CVs de la même manière

Dans un pré­cé­dent billet je me suis lais­sé vaga­bon­der autour de l'idée qu'un bio­in­for­ma­ti­cien était un data truc comme un autre. Dans ces lignes je vais expri­mer pour­quoi il est impor­tant à mon sens de bien tra­vailler son CV… et ce qui per­son­nel­le­ment me fait réflé­chir sur la forme de CV liée à nos métiers. On ten­te­ra grâce aux humbles relec­teurs d'évoquer tous les cas concer­nant notre for­mi­dable métier !

/​!\ War­ning : Comme tou­jours dans un article d'opinion, ces paroles n'engagent que moi. Sur­prise de lec­ture : je ne détiens pas la véri­té, juste une opi­nion franche et tran­chée. Si tu es pas d'accord, je t'invite encore et tou­jours à écrire un autre article ou à expri­mer ton opi­nion en com­men­taire de celui-ci.

Les formations sont les meilleures guides

Ce para­graphe sera le plus court, mais le plus impor­tant. Amis doc­to­rant lève-toi, debout, tout de suite et écoute la sainte parole.
Pen­dant la thèse, il est pro­po­sé myriade de for­ma­tions sur com­ment opti­mi­ser ton CV Lin­ke­din. Com­ment opti­mi­ser ton CV pour can­di­da­ter à une offre ? Com­ment faire un pitch ? Que faut il faire pour se vendre en 3minutes ? Pré­sen­ter sa thèse en 180 secondes, tu sais faire ? Toutes ces expé­riences sont bonnes à prendre. Donc prend ce temps, 2 à 3 heu­ress par an pour suivre ces for­ma­tions. Prendre le temps de se for­mer pen­dant sa thèse sur ce genre de pro­blème n'es pas du temps per­du a ne pas avan­cer sur sa publi­ca­tion, mais du temps gagné pour les étapes sui­vantes… que tu feras sans doute sur tes heures de tra­vail de toute manière.

De nom­breux mas­ters pro­posent des tables rondes pour gui­der sur l'orientation. Bien heu­reu­se­ment, tu trou­ve­ras aus­si sur ce blog des très belles retrans­crip­tions de ToBi (table ouverte en bion­fo) écrites par une des meilleures admin du blog. Dans ces lignes se trouvent nombre de petits conseils qui semblent petits, si petits qu'ils ne repré­sentent rien ?
Oh que non, dans ces ins­tants retrans­cris se cache de l'or en barre à celui qui sait les com­prendre et les appli­quer. Même à tra­vers le filtre de la retrans­crip­tion on remarque une règle simple : tout le monde n'a pas les mêmes attentes. Si j'avais un seul conseil à don­ner il serait alors très simple : il faut tou­jours adap­ter un maxi­mum son CV au public visé. Chaque milieu à son cadre de lec­ture qui demande une cer­taine forme sans pour autant que le fond ne soit alté­ré. Bref… Voyons un peu com­ment mettre en avant les qua­li­tés de cha­cun et de cha­cune.

Les pratiques de recrutement dépendent de là où tu candidates

Loin, très loin de moi l'idée de vou­loir com­pa­rer le milieu pri­vé au milieu aca­dé­mique. Par contre, can­di­da­ter à une offre de post-doc­to­rat ou dans la der­nière start-up du coin ne demande pas tout à fait le même for­ma­lisme. Même si rien n'est abso­lu je pense qu'on peut dis­tin­guer quelques grands prin­cipes à suivre.

Pour un poste uni­ver­si­taire, j'ai le sen­ti­ment que les pro­fes­seurs, les cher­cheurs jugent un can­di­dat sur les ques­tions qu'il se pose. Quelles réflexions il aime et quel inté­rêt il a pour ses recherches. Pour les concours tout le monde est jugé sur le nombre de papiers publiés, de pos­ters, de confé­rences don­nées (invi­té ou accep­té) et que toutes ses petites métriques comptent… qu'il faut noter chaque détail. Notre com­mu­nau­té adore LaTeX alors tout le monde pense que c'est une si brillante idée de prendre le tem­plate de CV Over­leaf tout pret qui est si beau… per­sonne n'y a pen­sé après tout, non ça nous fait un si joli CV ? Sur­prise ce tem­plate est main­te­nant si mas­si­ve­ment uti­li­sé qu'il me donne l'impression de lire le même CV en boucle…
Mais je note plu­sieurs grosses cari­ca­tures récur­rentes :

  • Le CV doit per­mettre de rete­nir la vision de la Recherche de la per­sonne. Quelles sont les ques­tions scien­ti­fiques qu'elle se pose ? QUI elle a côtoyé (petit monde bon­jour, on va faire un petit mail aux noms des­sus ou juste se dire 'oh il est pas­sé par tel labo, c'est signe de qua­li­té').
  • Détailler chaque publi­ca­tion, avec qui tu as publié, com­bien de confé­rences tu as don­né et appré­cié.
  • 1 page et demie + un gros paquet de pages pour les publi­ca­tions semblent.. assez clas­sique.. les CV de 12 pages ça vous parle ?
  • Cher­cheur post-doc­to­ral, doc­to­rant, sta­giaire, sont des termes cou­rant sur un CV. L'excellente ter­mi­no­lo­gie de la CJC nous y encou­rage. Force est de recon­naitre qu'un doc­to­rat dans chaque domaine donne un petit plus qui per­met de valo­ri­ser cette expé­rience avec d'autres termes selon le contexte. Ces termes sont liés à notre métier que nous abor­de­rons dans la sec­tion sui­vante.
Et la.. 10 pages de publi­ca­tions bon­jour !!! Ce CV vous dit quelque chose ? Vous l'avez déjà vu non ? Je suis pas beau sur la pho­to ? siiii. Ps : il y a des fautes par­tout, c'est vrai­ment un exemple d'illustration cari­ca­tu­ral, pas un exemple à suivre !

Si vous vous recon­nais­sez dans ces petits cli­chés… aller dans ces for­ma­tions dont je par­lais plus haut !

Dans d'autres sphères que la Recherche, les CV sont courts, syn­thé­tiques, et vont droit au but. Je ne suis pas sûr qu'une per­sonne des res­sources humaines aime lire un CV qui fait plus de deux pages. De ce que j'ai com­pris en dis­cu­tant rapi­de­ment avec une jeune RH, la pre­mière choses qu'ils lisent sur nos pro­fils : les gros titres d'expérience et nos com­pé­tences. Ils ont mêmes des outils pour cher­cher les mots clefs utiles pour un pro­fil (les titres de postes comptent !).
Est-ce qu'une expé­rience pas­sée est en adé­qua­tion avec le poste recher­ché ? Il faut savoir mettre en avant ses expé­riences et ses com­pé­tences (adap­ter le nom de l'expérience rai­son­na­ble­ment sur le CV, orien­ter son CV sur les élé­ments les plus justes vis-à-vis du poste en vue!). Je ne suis pas le meilleurs des conseillers pour cette par­tie je pense, mais je remarque quand mêmes les élé­ments sui­vants :

  • En géné­ral le CV tient sur une page (la deuxième ira dans la zone mys­tère de lu/​pas lu).
  • Mettre en avant ses com­pé­tences tech­niques dans une sec­tion dédiée (lan­gages de pro­gram­ma­tion employés à coté des langues). Cette par­tie là étant par­fois mas­quée dans les expé­riences pro­fes­sion­nelles de Recherche
  • Tu as fais 10 publi­ca­tions ? Une ligne : '10 publi­ca­tions dis­po­nibles sur LIENS ICI '. Simple, effi­cace, on com­prend que tu sais rédi­ger des articles scien­ti­fiques. Les com­pé­tences asso­ciées sont dans la sec­tion com­pé­tences.
  • Quand tu veux vendre ta tech­nique stat' : tu mets sou­vent une liste avec myriade de méthodes 'je sais faire une PCA, une ano­va, une SVM, une PLS, je connais toutes les tech­niques moi mon­sieur!'

N'étant VRAIMENT pas le meilleur conseiller sur l'esthétisme idéal d'un CV, je dirais qu'il faut cher­cher à faire propre et le plus lisible pos­sible.

Que mettre en avant en bionformatique ?

Sauf erreur de ma part, nous connais­sons tous la défi­ni­tion du théo­rème cen­tral limite. Nous avons tous une petite idée de la loi nor­male et d'une loi de puis­sance. Nous savons faire une ANOVA, une PCA et faire du clus­te­ring. Conclu­sion, on a des com­pé­tences en big data avec la mai­trise de cer­tains algo­rithmes qui peuvent être mis en avant. J'ai le sen­ti­ment que notre force est tech­nique, dans la modé­li­sa­tion, l'analyse big data. Un excellent résu­mé est le fiche de poste de l'APEC d'un poste de bio­in­for­ma­ti­cien. Ce sont ses com­pé­tences qu'il faut mettre en avant, en pre­mière ligne, loin devant les facul­tés et confé­rences en lignes. Un par­fait retour est ce guide de rédac­tion pour sta­tis­ti­cien (car les sta­tis­ti­ciens sont nos amis) qui met en avant les mêmes pro­blé­ma­tiques.

De manière géné­rale, comme nous sommes des data scien­tists ou des gens du mar­ché de la tech', tous les conseils pour un data scien­tist s'appliquent éga­le­ment pour nous. Je pour­rais mon­trer beau­coup de tuto­riels à coup de recherches Google de ce que j'ai aimé ou pas dedans (mer­ci, pre­nez mes biais de 10 minutes de recherche Google).

Une des grandes ques­tions que je me suis posé pen­dant la rédac­tion de mes CV (sur­prise, j'ai eu les 2 for­mats) était : je mets quoi, com­pu­ta­tio­nal bio­lo­gist, bio­in­for­ma­ti­cien, sta­tis­ti­cien, data scien­tist ? Je ne vois aucune véri­té à ça, juste des effets de mode sur des mots plus ou moins uti­li­sés en fonc­tion des périodes. Pour moi, la meilleure méthode est : taper chaque mot clefs sur un site de recru­te­ment, voir ce qui sort, noter le mot le plus à la mode, le mettre par­tout en gras sur le CV du jour en fonc­tion de l'offre. Si on a les com­pé­tences tech­niques pour faire le tra­vail, qui nous le repro­che­ra ?

Petite paren­thèse Recon­nais­sance de la Qua­li­té du Tra­vailleur Han­di­ca­pé (RQTH) pour nos amis qui nous lisent et qui savent ce que ça veut dire. Il n'y a pas de règle sur le fait de l'afficher ou non. Mais de mon point de vue : oui il faut la mettre, en pre­mière ligne, en avant, et pas­ser par des cabi­nets de recru­te­ments qui savent ce que ça veut dire. Moi en tout cas.. ça m'a aidé. Mon opi­nion sur le han­di­cap est très lar­ge­ment trou­vable ici.

Mer­ci aux relec­teurs desi­gnés volon­taires par mes soins de la semaine : Sébas­tien Gra­dit, Samuel Ortion et notre bon Yoann M !

Mer­ci aux admi­nis­tra­teurs tou­jours devoué pour notre blog. Je crois en ce blog, j'ai l'amour du par­tage et c'est eux qui nous ouvrent ce canal com­mu­nau­taire : Yo, Zazo0o, Kum­qua­tum

Mer­ci à toutes les per­sonnes qui m'ont fait rager, don­né l'amour pour écrire ce billet.

Allez ciao bon­soir !



Pour continuer la lecture :


Commentaires

2 réponses à “Pourquoi je ne lis pas tous les CVs de la même manière”

  1. Mer­ci pour ce billet éclai­rant.

    J'ajouterais éga­le­ment que les for­ma­tions sur la rédac­tion de CV ne se can­tonne pas uni­que­ment au doc­to­rant, ici Ingé­nieur d'Etude à l'INSERM, il y a une for­ma­tion bi-annuel sur l'accompagnement à la créa­tion de "plan de car­rière" et à la défi­ni­tion du pro­jet pro­fes­sion­nel.

    J'ai du pas­sé par la rédac­tion de CV il y a quelque mois, plu­tôt orien­té appli­ca­tion indus­triel que recherche (publique comme pri­vée) et je me suis effec­ti­ve­ment heur­té au même pro­blé­ma­tique de séman­tique. Pour ma part, j'ai opté pour "Data Scien­tist for Life Sciences" sur mes CV angli­ci­sé, en met­tant l'accent plus sur la com­pé­tence tech­nique que sur les connais­sances bio­lo­giques.

    Et bien sur ne pas négli­gé les mots clefs… Une grosse par­tie de notre tra­vail concerne la valo­ri­sa­tion des don­nées qui nous sont confiées, valo­ri­sa­tion ce tra­dui­sant le plus sou­vent par … de la Data Viz ! Les entre­prises aiment la Data Viz, les charts, les plots qui en jettent et les aca­dé­miques ont besoins de magni­fique figure pour ali­men­ter les publi­ca­tions.

    Mer­ci pour ces opi­nions "régu­lière" autour de notre envi­ron­ne­ment, après m'être com­plè­te­ment retrou­vé dans le billet sur la tran­si­tion bioinfo/​data XXX, je suis ras­su­ré de voir que je suis pas le seul a me heur­té aux mêmes pro­blé­ma­tiques de rédac­tion de CV ^^'

  2. Mer­ci pour le billet rédi­gé avec un tact rafrai­chis­sant 😉

    J'ajouterai qu'au moins pour le public, avec QUI on a bos­sé est par­fois plus impor­tant que le détail de ce qu'on a fait. Le monde est très très petit et un coup de téléphone/​mail est très vite arri­vé (deux de mes anciens boss n'ont clai­re­ment jamais lu mon CV, ils ont juste contac­té les gens avec qui j'ai tra­vaillé).

    Tou­jours dans le milieu aca­dé­mique (doc/­post-doc/­con­cours), si c'est pos­sible, deman­der à visi­ter le labo pour ren­con­trer les gens peut don­ner beau­coup de points (et per­mettre de vali­der qu'on veut tra­vailler là bas).

    S'il y a une publi­ca­tion, mettre l'impact fac­tor du jour­nal et le nombre de cita­tion se voit régu­liè­re­ment aus­si. Si plein de publi (je vous le sou­haites 😉 ) juste mettre le nombre (poten­tiel­le­ment avec lien) et le détail de 2–3 per­ti­nentes pour le poste

    Si une acti­vi­té a pris du temps, quan­ti­fier per­met de faire prendre la mesure de l'implication ex. j'ai été ATER, j'ai don­né X heures de cours ; j'ai enca­dré un sta­giaire à rai­son de x heures par mois…

    Mes opi­nions per­son­nelles sur l'histoire 😉

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